Moussavi est porteur d'une lettre à Bouteflika. La diplomatie algérienne serait sollicitée. L'Iran semble privilégier la diplomatie algérienne pour ouvrir le dialogue avec ses farouches adversaires. Le conflit qui l'oppose aux Américains et leurs alliés occidentaux a atteint son point culminant. Ahmad Moussavi, vice-président de la République islamique d´Iran aux affaires juridiques et parlementaires, est arrivé à Alger, porteur d'une lettre au président de la République dont personne n'a pris connaissance et qu'il compte lui remettre «en mains propres», indiquent des sources parlementaires. Il a été reçu par le chef du gouvernement et le président de l'APN. Il a invité Saâdani à la Conférence internationale de soutien au peuple palestinien prévue en avril prochain à Téhéran. Les entretiens avec M.Ahmad Moussavi ont porté sur les développements tendus entre l´Iran et la communauté internationale au sujet du programme nucléaire iranien. L'émissaire iranien a fait un exposé sur la situation, précisent les mêmes sources. L'Algérie, qui a renoué ses relations avec l'Iran, depuis l'avènement du président Bouteflika, est très préoccupée par ces développements. Elle peut mettre en oeuvre sa diplomatie pour rapprocher les points de vue des deux parties en conflit. C'est ce qui est attendu de la visite d'une personnalité iranienne de haut rang à Alger. Rappelons que l'Algérie avait joué les «bons offices» lors de l'affaire des otages américains dans les années 80 et réussi à les libérer malgré la vive tension qui avait accompagné les négociations. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont caractérisées par un ballet diplomatique. L'ancien président iranien Khatami a effectué une visite officielle à Alger ; visite suivie par celle du ministre de la Défense iranien. L'ancien chef d'état-major algérien s'est rendu également en Iran. Le réchauffement des relations est intervenu dans un moment de froideur entre l'Iran et l'Occident. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, a déclaré hier que «le langage de la force et de la menace ne donnera pas de résultat», ajoutant que l´Iran «n´a franchi aucune ligne rouge». Comme il a précisé qu'il n´y a «aucune base juridique pour envoyer notre dossier devant le Conseil de sécurité, et même s´il y va, la République islamique n´aura pas peur». Le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré samedi que son pays ne limiterait pas son programme nucléaire. «Même si le Conseil de sécurité devait s´impliquer, cela n´aidera pas à résoudre le problème», a-t-il dit, lors d´une conférence de presse à Téhéran. «Nous ne cherchons pas à prendre cette direction, mais si certains insistent à vouloir priver le peuple iranien de ses droits, ils doivent savoir qu´une telle chose n´arrivera pas», a affirmé le président iranien. «Il est de notre droit définitif d´avoir la technologie nucléaire», a-t-il ajouté. L´Allemagne, la France et la Grande-Bretagne menacent d´envoyer le dossier nucléaire de l´Iran au Conseil de sécurité de l´ONU, après que Téhéran eut repris mardi ses activités de recherche en matière d´enrichissement d´uranium. L´Iran réaffirme, de manière constante que l´accès à la technologie nucléaire à des fins pacifiques est un droit "irréversible" au moment où des pays occidentaux ainsi qu´Israël l´accusent de vouloir acquérir l´arme atomique. L'élément nouveau vient de l'Allemagne. Lors de sa visite à Washington, la dernière semaine, la chancelière allemande, Angela Merkel, s'est alignée sur les thèses américaines en rappelant la déclaration de Ahmedinejad relative à «l'effacement» de l'Etat d'Israël de la carte. Ce repositionnement a conforté l'intransigeance américaine qui veut cette fois-ci faire associer l'UE à sa démarche, en agitant la menace de recourir au Conseil de sécurité. L'Iran tente d'expliquer qu'il reste disposé au dialogue tout en affichant la fermeté vis-à-vis des Américains qui préfèrent dicter des ordres. La guerre froide qui a assez duré ne peut déboucher sur la guerre proprement dite, estiment les observateurs, parce que les USA n'ont plus les moyens de faire une autre guerre, après l'aventure irakienne. Les Européens, non plus, ne sont plus au temps des croisades pour prendre le risque de diviser le monde.