Israël a-t-il fait le faux pas de trop, par l´annonce de nouvelles constructions pour la colonisation au moment de l´arrivée du vice-président américain, Joe Biden? On voudrait bien le croire, mais faudrait-il encore que les Etats-Unis apprécient correctement le geste d´Israël, non point en tant qu´«erreur de calendrier» - comme tente de le faire accroire Israël - mais comme une décision mûrement réfléchie allant à l´encontre du processus de paix, et remet en question l´objet même des discussions que Washington veut renouer entre Palestiniens et Israéliens. De fait, en affirmant hier que les constructions à Jérusalem-Est se poursuivront, Netanyahu met au défi Washington. Que reste-t-il donc à négocier si, parallèlement, l´Etat hébreu oeuvre à la reconfiguration des territoires palestiniens occupés, singulièrement Jérusalem-Est, objet d´une judaïsation accélérée. L´affaire du feu vert donné à la construction de logements à Jérusalem-Est occupée, confirme le fait qu´Israël - à la base des blocages et des remises en cause de tous les progrès réalisés ces dernières années - n´a jamais pris à son compte la vision de deux Etats, multipliant a contrario les obstacles et les décisions qui rendaient caduque et peu viable l´édification d´un Etat palestinien. Dès lors, il faudrait que la «communauté internationale» en général, les Etats-Unis plus particulièrement - qui, jusqu´ici, ont joué sur le flou imposé par Israël - soient clairs sur l´enjeu des négociations: la création de l´Etat palestinien dans ses frontières de 1967. C´est cela qui est en jeu depuis des années, alors qu´Israël fait croire, ou faisait semblant de croire, que seule la sécurité de l´Etat hébreu faisait l´objet de négociations avec les Palestiniens. Alors que les Palestiniens réclament Jérusalem-Est en tant que capitale du futur Etat palestinien, Netanyahu, dans une déclaration faite dimanche, affirme le «monde comprend que les quartiers juifs (établis dans la partie arabe de Jérusalem) continueront à faire partie intégrante d´Israël» dans tout accord de paix futur, fermant de fait la porte aux négociations avant même qu´elles aient commencé. D´ailleurs, David Axelrod, principal conseiller de Barack Obama, le comprend ainsi, estimant sur CNN, que «(...) le fait que cette annonce intervienne à ce moment-là est très destructeur» pour le processus de paix. De fait, les Américains sont remontés contre le jeu que mène Israël. D´ailleurs, Israël a rappelé le ban et l´arrière-ban du lobby sioniste aux Etats-Unis, à commencer par l´Aipac qui ne s´est pas fait, faute de morigéner Washington, estimant dimanche que les remarques du gouvernement américain «concernant les relations entre les Etats-Unis et Israël sont un sérieux sujet d´inquiétude». De son côté, un responsable d´une ONG pro-israélienne à Washington s´était déclaré «abasourdi» par le fait que l´administration (américaine) «a passé publiquement un savon à Israël sur la question de la construction à Jérusalem». Israël, habitué à l´impunité dont il bénéficie pour ses forfaits dans les territoires palestiniens occupés, ne s´attendait pas à ce que l´on relève ses foucades et comprend mal qu´on puisse lui en faire grief, publiquement de plus, étant entendu que l´Etat hébreu, par on ne sait quel décret, ne pouvait être ni «condamné», ni faire l´objet de «pressions» quels que soient les méfaits qu´il puisse commettre contre les Palestiniens. Mais il faut plus, il faut que soit signifiée à Israël l´obligation de se conformer aux résolutions de l´ONU qui ne reconnaissent pas l´annexion de Jérusalem-Est et considèrent illégale l´occupation des territoires palestiniens. Or, l´ONU et les grandes puissances ne se sont jamais donné les moyens de faire se conformer Israël au droit international. Il y a maldonne du fait même que le droit international ne semble pas s´appliquer, ne s´est jamais en fait appliqué à l´Etat hébreu. Avec tout ce que cela a pu induire comme conséquences sur le dossier israélo-palestinien.