On reste confondu par l´angélisme dont font montre les dirigeants occidentaux, face au nucléaire israélien, qui n´ont cessé de nous réitérer le danger que présenterait, selon eux, le nucléaire iranien. On peut certes comprendre les inquiétudes que ces dirigeants montrent face à une prolifération nucléaire non contrôlée qui serait nuisible pour la population humaine, la faune et la flore terrestres. Il faut croire que non, puisque seul le nucléaire iranien - accessoirement syrien, algérien, hier irakien, voire tout autre nucléaire teinté de vert - ferait problème. Or, ces angoisses quant à la possible prolifération nucléaire sont très sélectives et ne concernent en rien l´arsenal nucléaire israélien. Israël est, en effet, le seul Etat au monde qui, non seulement dispose d´un arsenal nucléaire opérationnel, estimé entre 250 à 370 têtes nucléaires - selon les experts et services de renseignements internationaux, y compris américains et français (ce qui veut dire que MM.Obama et Sarkozy savent à quoi s´en tenir quant à la réalité du nucléaire israélien) - mais est aussi le seul pays au monde qui échappe au contrôle des inspecteurs de l´Aiea (Agence de sûreté nucléaire de l´ONU), qui n´adhère ni au TNP (Traité de non-prolifération nucléaire en vigueur depuis 1968), ni au Ctbt (Interdiction totale des essais nucléaires applicable depuis 2005). Traités auxquels adhère, en revanche, l´Iran qui, par ailleurs, autorise l´Aiea à effectuer périodiquement des contrôles sur ses centrales nucléaires. Il ne s´agit pas de défendre l´Iran - très capable de se défendre seul - mais de faire ce constat: la «communauté internationale» - qui se réduit en fait aux seuls pays industrialisés nord-américains, européens et asiatiques - si elle est très stricte quant à l´accès de pays tiers, musulmans singulièrement, au nucléaire, ou plus sûrement aux sciences et aux technologies nucléaires, est plus «coulante» pour les pays du même bord idéologique. Ce qui fait que si le nucléaire israélien - réel et incontrôlé - n´inquiète pas nos censeurs occidentaux, il en est autrement dès lors qu´il est question de pays n´entrant pas dans la norme formatée par les grandes puissances qui se sont autoproclamées gardiennes de l´accès au nucléaire et à la maîtrise de ces technologies. C´est tellement vrai, que c´est le schéma que l´Occident propose à l´Iran pour l´empêcher de procéder lui-même à l´enrichissement de l´uranium dans ses propres centrales. Il est ainsi proposé à Téhéran de livrer l´ensemble de son uranium à la Russie qui procèdera à son enrichissement avant que Paris ne délivre, au compte-gouttes, des parties de cet uranium à l´Iran au fur et à mesure des besoins de sa centrale de recherche de Téhéran. Ce que évidemment, l´Iran refuse s´exposant dès lors aux sanctions que brandissent depuis des mois les Etats-Unis, la France, l´Allemagne et la Grande-Bretagne notamment, alors qu´Israël (seul Etat du Moyen-Orient qui dispose de la bombe atomique, répétons-le) n´hésite pas, pour sa part, à mettre de l´huile sur le feu allant jusqu´à évoquer une possible frappe des centrales nucléaires iraniennes. L´ex-président américain, George W.Bush, avait même affirmé qu´une utilisation de l´arme atomique contre les installations nucléaires iraniennes n´était pas écartée. C´est dire jusqu´où l´Occident, exhorté par Israël, est prêt à aller pour garder le monopole du savoir-faire nucléaire. On ne trouve pas d´autres explications à l´acharnement dont font montre certaines grandes puissances à l´encontre de l´Iran dans le même temps où elles font le black-out sur le nucléaire israélien. Or, le black-out sur l´arsenal nucléaire israélien - réel et autrement plus dangereux que l´hypothétique «bombe atomique» iranienne - enlève en fait toute crédibilité à la campagne sur la non-prolifération nucléaire - marquée par un acharnement inconcevable contre l´Iran - qui doit être replacée dans son contexte véritable: politique et stratégique.