Les chefs d'Etat de gouvernement du G20, qui se sont retrouvés samedi soir et hier matin à Toronto, Canada, veulent éviter que la crise financière de fin 2007, qui a dégénéré en une dépression mondiale sans précédent depuis 1929, ne se reproduise. Ils demandent aux pays qui ont «un excédent» d'augmenter leurs dépenses dans l'infrastructure et d'accroître la flexibilité de leur taux de change. Objectif de cet appel : rendre l'actuelle « fragile et inégale » reprise économique « durable, harmonieuse et forte ». «Si nous échouons à prendre des actions décisives, coordonnées et équilibrées, un scénario négatif pourrait faire en sorte que des millions de personnes perdent leur emploi», prévient Stephen Harpe, le Premier ministre canadien estimant que les membres du G20 (Allemagne, Canada, France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie, Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie, Union européenne) doivent s'entendre pour réduire la pauvreté mondiale et le chômage. «La planète entière nous regarde», dit-il à ses homologues dont il attend un engagement pour diviser par deux d'ici 2013 leur déficit public, et une entente sur le meilleur moyen de consolider la croissance. Selon les analystes, « si le G20 arrive à s'engager dans la bonne direction, 54 millions de nouveaux emplois pourraient être créés d'ici 2015 et 90 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté ». Cet appel du Canadien a été repris par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon qui redoute comme plusieurs chefs d'Etat du Sud que les pays riches ne cherchent à équilibre leurs budgets sur le dos des pays pauvres. Il a appelé les « 20 » à investir dans l'agriculture, notamment la croissance verte et la santé et mettre le paquet pour réaliser d'ici 2015 les Objectifs du Millénaire pour le développement (réduction de l'extrême pauvreté et de la faim, amélioration de la santé et de l'éducation, autonomisation des femmes et développement durable). Un appel qui ne semble pas entendu par les riches et les émergents qui seraient prêts à mettre sur la table que 5 milliards. Selon les experts, ce plan nécessitera 15 milliards de dollars pour être sur les rails immédiatement dans les 49 pays les moins développés, et jusqu'à 45 milliards de dollars par an d'ici 2015. Gageons qu'en septembre, Ban Ki-moon sera plus convainquant lors du sommet de haut niveau qu'il a convoqué pour encourager les pays à accélérer leurs efforts pour réaliser les OMD. A Toronto, les Européens et les Américains n'ont pas trouvé un compromis sur deux points. Un, les premiers veulent réduire leur fort endettement et les seconds soutenir la consommation pour dynamiser la croissance économique. Deux, les Américains appuyés par les Chinois, les Indiens et les Brésiliens qui affichent une santé économique éclatante, reprochent aux Européens leur rigueur budgétaire qui finira pas étouffer la croissance, mais les dirigeants européens veulent poursuivre leur chasse aux déficits publics. Autre divergence : les Européens restent partisans de la « taxation bancaire » à la différence des Canadiens, Japonais, Brésiliens qui font valoir que leur secteur bancaire est en bonne santé. Hu Jintao, le président chinois a soulevé un autre problème. Il a mis en garde les pays riches contre un arrêt trop brutal des politiques de relance et contre la tentation de mettre en place des mesures protectionnistes. Les 20 ont eu de la peine à parler de la même voix. Les 20 qui ont 85% du produit intérieur brut mondial tout en ne représentant que 10% de la population, se sont engagés toutefois à réduire les déficits. Chacun selon ses modalités propres. L'idée d'une seconde taxe sur les transactions financières (Taxe Tobin) n'a pas trouvé un écho à Toronto. Les Européens qui ont prévenu qu'ils pourraient avancer seuls sur cette taxation, pourraient remettre cette question sur la table en juin prochain à Cannes, lieu du prochain sommet du G20.