M.Benbada aura-t-il, à la tête du commerce, la main plus heureuse que ses prédécesseurs? Nous le saurons dans quelques semaines lors de son premier Ramadhan face aux spéculateurs qui redoublent de voracité durant ce mois. Un véritable baptême du feu. Il y est attendu non seulement par tous les consommateurs mais aussi par sa plus haute hiérarchie. Le Président de la République l´a, en effet, instruit lors du dernier Conseil des ministres «de prendre toutes les dispositions nécessaires afin de réguler l´approvisionnement du marché en produits de première nécessité durant le mois sacré de Ramadhan et de lutter contre la spéculation sur les prix et le non-respect de l´hygiène pendant ce mois de piété». On se demande comment fera le nouveau ministre du Commerce pour être plus performant que son prédécesseur? De quels moyens dispose-t-il que n´avait pas M.Djaâboub? Pas plus tard que lundi dernier, l´APN a renforcé le dispositif réglementaire en adoptant deux projets de loi. L´un relatif à la concurrence et l´autre fixant les règles applicables aux pratiques commerciales. Le plus important à relever est cette déclaration de M.Benbada juste après l´adoption de ces lois qu´il a qualifiées «d´outils à même de lui (le gouvernement c´est-à-dire lui-même, Ndlr) permettre d´améliorer son rendement en matière de lutte contre la fraude et le monopole et de protection du pouvoir d´achat des consommateurs». Voilà ce dont dispose de plus le secteur du commerce depuis le dernier remaniement. Une déclaration qui prend ici valeur d´engagement et de promesse. Une déclaration d´un ministre par laquelle il semble relever le défi et aller au «charbon» d´un pas assuré. On voudrait tant verser dans son optimisme, n´était «la force de frappe» de l´adversité. Aucun ministre jusque-là n´a réussi à faire «bouger les lignes». A faire reculer les maquignons, les marchands de sucre et ceux de la pomme de terre. Alors, pourquoi Benbada? Et comment s´y prendra-t-il? Certainement pas en harcelant les épiceries en bout de course. La seule méthode qui paraît viable ne peut être que celle qui pourra maîtriser et contrôler la distribution, c´est-à-dire les grossistes. Voire les impliquer avec une sorte de «contrat de confiance» (qui les obligerait tout de même) dans la régulation et la disponibilité des produits ainsi que le respect des prix. L´idée n´est pas de nous mais du ministre de la Santé qui a menacé lundi dernier, de ne pas autoriser «la distribution des médicaments par certains opérateurs jusqu´à la levée du monopole qui a privé certaines régions de médicaments de base». Voilà qui s´appelle savoir «taper où cela fait mal». Dans les gros porte-monnaie. Avec comme condition, cependant, de savoir gérer la sanction et bien prévenir ses effets. Ceci pour dire que les solutions à ce mal que nous traînons d´année en année, de Ramadhan en Ramadhan et tout le reste de l´année d´ailleurs, existent. Pourquoi faudrait-il que l´intelligence négative des spéculateurs puisse constamment l´emporter sur toute autre intelligence positive? C´est là que se trouve le défi que nous promet de relever M.Benbada. Rendez-vous juste après l´Aïd El Fitr pour la suite!