L´Algérie est devenue ces dernières années un vaste chantier qui doit reconfigurer la donne urbanistique du pays. Cela a, certes, été rendu possible par une relative aisance financière qui a permis la mise en oeuvre de maints projets jusqu´alors maintenus sous le coude. C´est une excellente chose en soi, encore faut-il que cela se réalise rationnellement et en phase avec le développement global de nos villages, villes et régions. Aussi, aligner de grands projets et grands travaux - la disponibilité des moyens aidant - peut ne pas avoir grande signification si, en amont, ces grands desseins ne sont pas pensés correctement afin d´être intégrés dans un ensemble plus large qui est lAlgérie. Si en aval la logistique ne suit pas par la mise à disposition de toutes les facilitations pour ce faire. D´autre part, cela peut être dépourvu de sens et d´utilité que de construire pour construire. C´est l´impression que donne la vague de constructions de logements qui se chiffrent en millions de bâtis sans que cela ait un quelconque effet sur le déficit en habitations, qui ne recule pas quand les demandes de logements demeurent toujours aussi pressantes. Or, l´Etat a fourni ces dernières années des efforts colossaux pour résorber les insuffisances en logements sans que, pour autant, cela apparaisse sur le terrain. Des cités nouvelles sont réceptionnées à un rythme soutenu, sans conséquence réelle sur les demandes de logements qui continuent de culminer au zénith. S´est-on alors demandé le pourquoi d´une situation qui confine le logement en Algérie à une quadrature du cercle? Mais la question peut aussi être: où construire, comment construire, pour qui construire? Cela met en exergue d´autres principes où entrent en ligne de compte la répartition territoriale des nouvelles habitations et leur intégration dans leur environnement naturel que sont le village, la ville et la région. Dès lors, les grands projets que sont l´autoroute Est-Ouest, la rocade des Hauts-Plateaux, le réseau ferroviaire national, les tramways dans les grandes villes devraient découler d´un projet global ayant pour finalité la fixation des populations dans les villes, villages et régions d´origine. Tant par la création de nouvelles cités en phase avec leur milieu, que dotées de tous les moyens répondant aux besoins des citoyens. Or, c´est loin d´être le cas comme le montre à l´évidence la «nouvelle ville Ali-Mendjli» à Constantine, qui a été d´abord une gigantesque cité dortoir avant que des projets structurants lui soient, peu à peu, ajoutés. Ce qui n´en fait pas pour autant une «ville urbaine» selon le terme consacré pour qualifier une tel lieu de concentration de population. Il s´en faut même de beaucoup. «Ali-Mendjli» est un exemple parmi les centaines d´autres cités où la rationalité n´a pas toujours été le principe le mieux partagé. Or, l´idée de «villes nouvelles», qui n´est pas propre à l´Algérie, - d´autres expériences sont menées ailleurs dans le monde - était de planifier et d´organiser la croissance d´une grande agglomération. Ce qui est le cas de Constantine. Dès lors, la ville nouvelle entre de plain-pied dans une politique nationale de développement conduite par l´Etat, avec comme but l´aménagement du territoire. Or, cette politique est coûteuse comme en témoignent les milliards, souvent en devises, engloutis par ces grands travaux desquels il est raisonnable d´en attendre des retombées positives sur la vie de tous les jours des populations des villages du pays profond par la création de milliers de PME-PMI génératrices d´emplois. Car si ces grands travaux n´ont pas d´effets intrinsèques sur le développement des régions isolées, cela reviendrait à jeter son argent par la fenêtre dès lors que les populations n´en tirent pas profit. D´où l´indispensable cohérence des projets appelés à sortir le pays du sous-développement.