Les Algériens d´une manière générale, ceux habitant les grandes métropoles, plus particulièrement, souffrent de l´insalubrité de leurs villes, de la saleté et du délabrement avancé de leur cadre de vie. La propreté est, par la force des choses, devenue un terme désuet, inapproprié, lorsque l´on évoque les conditions de vie dans la capitale, à Constantine, à Oran...supposées être la vitrine d´un pays en plein développement: l´Algérie. Tout cela n´est en fait que miroir aux alouettes, un leurre tant nos villes sont aujourd´hui à l´abandon, laissées aux rats et défigurées par les déprédateurs qui sévissent dans leurs quartiers. Alger, plus grise que Blanche, est ainsi méconnaissable: trop d´ordures - à tel point que certaines artères sont devenues infréquentables du fait des ordures qui les couvrent et des odeurs pestilentielles qu´elles dégagent - trop de trottoirs défoncés ou inexistants, de chaussées impraticables percluses de nids de poules. A l´exception, remarquable, de Sidi M´hamed - où les autorités de la commune tentent d´améliorer le cadre de vie de la population par les travaux entrepris il y a quatre ou cinq ans -, beaucoup reste à faire dans les autres communes du Grand-Alger (elles sont 25) où le laisser-aller est roi. Ainsi, la situation à Bouzaréah et à Chéraga, singulièrement, est catastrophique tant la dégradation des lieux a atteint des niveaux intolérables. Que font donc les préposés à la gestion de ces grandes communes? Où sont passés les services de nettoyage, disparus du paysage d´Alger...? Il y a trois décennies, Alger était mieux tenue, plus propre, avenante, rien à voir avec cette agglomération repoussante..comme si oued El Harrach a essaimé ses affluents vers les autres quartiers de la capitale. C´est le cas des abords du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, qui dégagent, depuis quelque temps, des odeurs fétides. Il n´y a pourtant pas d´oued qui traverse le stade du 5-Juillet. Par ailleurs, Alger se dépeuple, peu à peu, de ses arbres, essentiels à l´esthétique et au cachet de la ville. Ainsi, les beaux arbres de rue Tripoli (ancienne rue de Constantine) à Hussein Dey ont été rasés pour laisser place au tramway. Des tramways ont bien roulé dans ce quartier, dans les années trente, sans que cela gêne qui que ce soit. Evidemment, il était plus facile de couper ces arbres que de chercher à préserver l´harmonie et la caractéristique du quartier. De fait, c´est le cas partout en Algérie, pas seulement à Alger, où l´on n´a pas toujours conscience que l´on appauvrit ce pays de ses patrimoines naturel, matériel et culturel. Il en est ainsi de la démolition en 2008 du stade Benabdelmalek - plus que centenaire, construit en 1845 - à Constantine. Comme à Hussein Dey, pour laisser place...au tramway! L´arrachage des arbres, comme la destruction de paysage de notre patrimoine, ne constitue en rien une avancée dans la modernité mais bien un recul et l´incapacité de gérer l´espace urbain par ceux qui gouvernent nos villes et nos villages. Les dégâts sont énormes car, outre de défigurer nos communes, ces «exactions» contre la nature et le patrimoine mettent en exergue l´inculture de nos édiles. Laisser les communes, dont on a la gestion, crouler sous les détritus - donnant une image détestable du pays - est également une autre forme d´inculture contre laquelle il convient de sévir. Que font donc les maires, les chefs de daïra, les walis délégués, les walis pour rendre villes et villages du pays plus présentables et habitables? Or, le cadre de vie laisse beaucoup à désirer, pas uniquement dans les grandes agglomérations mais également dans les petites villes et villages, perdus dans les campagnes, où ces villes n´ont de villes que le nom. L´Algérie est-elle à ce point dépourvue d´hommes et de femmes capables de penser la ville et lui redonner sa raison d´être, de lieu de convivialité et de vie? On n´est pas loin de le croire.