Est-il possible de continuer d´ignorer ou feindre l´indifférence face au spectacle que donne de lui le symbole de la Révolution, le glorieux Front de libération nationale? Or, au moment même où le peuple algérien célèbre le 56e anniversaire du 1er Novembre 1954, la question de savoir ce qu´il faut faire du FLN est devenue inéluctable avec en toile de fond la récurrence des crises qui marquent le vieux parti. Ainsi, le FLN, qui en est à sa énième crise, alors que le fossé se creuse entre «légitimistes» et «redresseurs», n´arrive pas à se régénérer et à se donner une raison d´être. Or, cette régénération, voire cette refondation du vieux parti, afin de l´adapter aux réalités du jour, s´est heurtée au long de ces dernières décennies à un conservatisme rentier qui a induit un immobilisme qui se traduit par des crises récurrentes en passe de devenir son label. Faut-il s´en étonner dès lors que le FLN sert uniquement de courroie de transmission et pépinière des hommes de pouvoir qui dirigent ou ont dirigé le pays depuis 1962? Dans les faits, le FLN demeure le mouvement qu´il a été lors de la guerre de Libération, utilisé, depuis l´Indépendance, comme paravent et couverture à toutes les manipulations et/ou instrumentalisation à des fins particulières. En réalité, le FLN ayant honoré son contrat, celui de libérer l´Algérie, a achevé sa mission le 3 juillet 1962, date de la proclamation de l´Etat algérien. Ce que le défunt président Mohamed Boudiaf n´a cessé de souligner. Cela d´autant plus, qu´après les sombres et sanglants événements de l´été 1962, -qui ont précédé et suivi l´indépendance de l´Algérie-, le FLN en tant que mouvement populaire s´est en fait désagrégé sous les coups de boutoir conjugués de luttes féroces pour le pouvoir et des règlements de compte. L´anarchie, qui s´est instaurée entre juin et septembre 1962, a définitivement eu raison du FLN, ressuscité cependant, et mis sous perfusion, sous la forme «d´appareil du parti» d´autant plus que ceux qui exercent le pouvoir se revendiquaient, dans un souci de légitimité, de ce parti historique Mais le FLN était-il bien un parti politique? Du moins un parti politique ordinaire, jugé sur ses projets et programmes sociaux et politiques? On n´en jurerait pas dès lors qu´il est aujourd´hui difficile de distinguer entre le parti historique et le parti politique «usuel». Un militant du FLN, ancien ministre, Kamel Bouchama, bien introduit dans l´entourage du système et connaissant les moeurs de ceux qui gravitent autour du FLN, apporte quelques éléments de réponses, qui souligne sans ambages qu´«aucun responsable sauf le responsable du secrétariat permanent ne pensait appartenir à un parti organiquement structuré de la base au sommet». Ce qui intéressait ces responsables, ajoutait M.Bouchama, «c´était d´être auprès du chef, d´avoir un rang protocolairement plus fort que celui des autres, des avantages relativement plus substantiels et des moyens certainement plus convaincants vis-à-vis des autres secteurs de l´Etat» (cf; Kamel Bouchama «Le FLN, instrument et alibi du pouvoir:1962-1992» éditions Dahlab 1992). Dès lors, il n´existait pas chez ceux-là mêmes se réclamant du FLN le concept partisan qui fait agir le militant pour défendre des idées, lutter pour un programme politique, pour un projet de société. Aussi, le FLN a-t-il très tôt été perçu comme un marche-pied vers le pouvoir et uniquement cela. Alors se pose la question: que faire du FLN? Est-il possible, en effet, que l´on continue de se jouer d´un sigle, bien commun de la société algérienne, quand ceux-là qui ont, ou se sont arrogé le droit d´en assurer la continuité et la garde en ont fait un passe-droit pour accéder aux affaires, n´hésitant pas à se donner en (triste) spectacle comme celui auquel on assiste depuis quelques semaines.