Le Président de la République a sciemment évacué, lors de ses deux dernières interventions publiques, de citer le Front de libération nationale (FLN). Une référence qui se confond, aujourd'hui, avec le sigle d'un parti en pleine tourmente. Dans son discours, prononcé dimanche dernier au Palais des nations à l'occasion du 50e anniversaire de la Révolution, Bouteflika préféra rappeler que « tous les maquis de l'Algérie ont ouvert les bras et accueilli en leur sein la révolution et les révolutionnaires ». Cela sans qu'à aucun moment il ne prononce le nom du parti historique. Il insistera plutôt sur le rôle joué par les populations algériennes. « Dans un moment devenu immortel, le peuple a su tirer la force de la faiblesse pour transformer la soumission en insurrection », dira-t-il. Bouteflika, sans dénier au FLN le rôle joué durant la Révolution de Novembre 1954, ne restitue pas moins les événements dans leur juste contexte. Il se permettra même, dans le discours prononcé mercredi 27 octobre à l'APN, de dissocier le parcours du défunt Rabah Bitat de celui du FLN. Le président de la République se contentera tout simplement de dire : « Le moudjahid patriote », « le courageux militant » ou « l'un des artisans de la gloire de l'Algérie ». D'ailleurs, Bouteflika se posera, à cette occasion, plusieurs interrogations. « Où en sommes-nous par rapport à cette Révolution glorieuse ? Quelles sont les étapes que nous avons parcourues ? Quel héritage a laissé la Révolution à ces générations ? » Autant de questions que se posent, également, de larges franges de la population. Cela notamment à la lumière des luttes intestines que se livrent, aujourd'hui, les membres du FLN. Un parti qui constitue « un bien commun de tous les Algériens », martèlera, à maintes occasions, Bouteflika depuis 1999. Fort heureusement que cette année - c'est la première fois depuis l'Indépendance - que les festivités de la commémoration d'un tel événement échappent à l'étiquette du FLN (parti actuel). Ni lui ni ses démembrements (organisations corporatistes) n'ont été à l'affiche dans le programme officiel. Un fait qui laisse à penser que le sort de ce sigle est scellé. « Le FLN, c'est mon affaire ! », aurait affirmé le président de la République à son directeur de cabinet. L'information, rapportée par Le Soir d'Algérie au mois d'avril dernier, précisait que Larbi Belkheir aurait confié à des proches que le 1er novembre 2004 est la meilleure occasion de « mettre ce parti au musée ». Une option qui rappelle celle ayant prévalu juste après la révolte populaire d'Octobre 1988. Lorsqu'en 1989 les membres de l'ANP s'étaient retirés du comité central du FLN, l'opinion s'attendait à ce que ce sigle soit restitué. Le défunt Mohamed Boudiaf n'en pensait pas moins. Il faut relever que le FLN n'a jamais été tenté par l'opposition. Bien que la charge symbolique de son sigle rappelle qu'il est dépositaire des valeurs de Novembre 1954, cette entité « doit faire partie du passé », pensent aujourd'hui autant le simple citoyen que l'élite politique.