Une énième crise secoue donc le FLN. Une de plus, sans doute une de trop. Mais les faits sont là: cela va mal dans la «Maison FLN». Le glorieux parti est ainsi malmené entre les prétentions des uns, les ambitions des autres. Cela dure en fait depuis la fin des années 90 et la guerre entre «redresseurs» et «légitimistes» ne donne pas l´impression de devoir connaître une fin au moment où le fossé se creuse entre ses deux tendances dominantes. Une «bataille», en fait, caricaturale dans la mesure où elle se situe dans le seul axe et perspective de prise de pouvoir, loin de tout débat sur un projet de société, de programme politique ou de gouvernance. Un tel débat initié par une aile ou une autre du parti aurait eu le mérite de qualifier ses mentors. Il n´en est rien, et le débat demeure très terre à terre entre ceux qui s´intitulent «légitimistes» et ceux qui se désignent, eux-mêmes, «redresseurs». Tout ce remue-ménage est désagréable dès lors qu´il donne une idée navrante des hommes dont l´ambition est de diriger le pays. Le FLN qui dirige l´Algérie depuis l´Indépendance s´essouffle et n´arrive pas en fait à se renouveler. La crise enfin, et ce n´est pas peu de le souligner, est que la génération de l´Indépendance (aujourd´hui sexagénaire et septuagénaire) n´a pas su, sans doute voulu, passer le témoin à la génération post-Indépendance aujourd´hui la plus qualifiée pour prendre la relève. En réalité, une telle perspective avait peu de chance de se réaliser dès lors que la régénération du Vieux parti, s´est heurtée, tout au long de ces dernières années, à un conservatisme rentier qui a induit un immobilisme qui se traduit aujourd´hui par les crises aiguës récurrentes que traverse l´ancien mouvement de libération nationale. Un FLN qui aura surtout servi de courroie de transmission pour pourvoir le système en hommes de pouvoir. Cela dure en fait depuis 1962, depuis l´Indépendance. En réalité, il serait vain de vouloir comprendre les crises répétitives qui secouent le FLN si on ne les replace pas dans le contexte des luttes d´apparatchiks pour l´accès ou la conservation du pouvoir. Le passage par le FLN étant le chemin obligé, sine qua non. En fait, le problème pour le FLN est qu´il n´a jamais réussi à se défaire de cette image «d´appareil de propagande» avec en corollaire la difficulté de se transformer en un parti politique, normal, avec tout ce que cela implique. Or, on continue dans le Vieux parti à se chamailler pour des questions de légitimité «historique» ou de redressement. Pour redresser quoi en fait? Avec la disparition des fondateurs du FLN, se revendiquer de la légitimité historique n´a pas de sens. De fait, en 1999, lors de la célébration du 45e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre, le Président Bouteflika avait alors affirmé que, désormais, la seule légitimité était la légitimité issue des urnes. Le chef de l´Etat estimait alors que la «légitimité révolutionnaire» n´avait plus lieu d´être. Des paroles fortes, qui ne semblent pas avoir eu l´écho qu´elles méritaient dans l´entourage du parti FLN qui eut à faire face à une série de redressements. Même un historique, un vrai, comme Abdelhamid Mehri, n´y a pas échappé. On perd aussi de vue que les redressements appliqués au FLN concernent surtout et avant tout le choix des hommes. Or, la méthode usitée à l´époque du parti unique - les électeurs ne choisissaient pas, ils n´avaient qu´à entériner les hommes cooptés et sélectionnés par le parti - n´a pas évolué et sert encore aujourd´hui. Des militants, des mouhafadhs sont ainsi outrés de ne pas retrouver ceux pour lesquels ils ont voté ou qu´ils ont soutenus, ou quand des hommes sont parachutés à partir d´Alger. Avec les redressements que l´on sait. En cela, plus qu´une erreur, ceux qui dirigent le FLN auront surtout commis une faute politique s´exposant à être, à leur tour, «redressés». No Comment!