L'année 2010 a été, sur le plan politique, dominée par le FLN. En matière d'activité qui s'est intensifiée après son 9e congrès, mais surtout par le prolongement “bruyant” de sa crise interne avec la naissance d'un autre mouvement de redressement. Inauguré pour débarquer Ali Benflis, intronisé juste derrière celui qui a hérité du poste de SG après le coup d'Etat scientifique, le redressement est devenu un mode de militance et d'alternance “par la force” à la tête du parti. Les échéances électorales constituent des moments de forte tension et d'affrontements entre partisans des uns et des autres. Après le 8e congrès “rassembleur”, les instances transitoires mises en place pour gérer le parti, ont plutôt géré les divisions et les exclusions qui ont définitivement creusé un fossé entre les militants, mais aussi entre les militants et l'instance de direction du parti. Et la première tentative de revenir aux anciennes instances a buté contre une féroce résistance. La préparation du 9e congrès s'est déroulée dans la même atmosphère marquée par des batailles dans les kasmas... phénomène qui va se poursuivre au-delà de cette étape présentée comme celle de la fin de la transition. La cacophonie du congrès s'est amplifiée pour se prolonger et perturber l'opération de renouvellement des structures du parti. Ambiance qui rappelle l'épisode “doberman” dans certaines villes où les affrontements se sont souvent terminés à l'hôpital ou en explication dans les commissariats. Pour Belkhadem, “c'est un signe de bonne santé du parti”. Il n'y a pas le feu au FLN mais juste une bataille de “positionnement”. Le retour à l'ancien organigramme du parti a vu l'éjection inattendue de Bouhedja, Goudjil et Abada qui étaient dans la direction collégiale. Les deux premiers n'ont pas été tendres avec le SG élu par le congrès lui reprochant de violer les statuts du parti. Mais surtout de jouer “le zaïm”, selon la formule accusatrice de Goudjil. Contre toute attente, le relais est pris par deux ministres en exercice et un ex-ministre très actif redresseur du temps de Benflis. Occupation des médias, désobéissance et tentative de ratisser large dans la base en ébullition, ont été la stratégie de ces nouveaux redresseurs qui réclament ouvertement la tête de Belkhadem. Mohamed-Seghir Kara refuse même d'accuser réception de sa convocation devant le conseil de discipline au motif que c'est à Belkhadem de répondre de ses actes contraires aux textes du parti. Le bras de fer se poursuit alors que la base semble bien divisée en deux groupes opposés qui s'affrontent autour des kasmas. Pour Belkhadem, l'opération est terminée. Pas pour ses détracteurs qui considèrent qu'aucune, ou alors à de rares exceptions, instance locale n'a de légitimité. Après la critique de sa mainmise sur le parti, les initiateurs du mouvement “redressement et authenticité” s'attaquent à toute la démarche du SG, son entourage parmi ses proches collaborateurs. Belkhadem ne bronche pas. Du moins ne laisse-t-il apparaître aucun signe de faiblesse même s'il a reconnu une fois l'existence de cette crise. Elle se justifie par les ambitions des militants de se positionner. Sa démarche est qualifiée de dérive. Car, estime, entre autres, Kara, Belkhadem a mis le parti entre les mains d'hommes d'affaires. Ce qui, de son point de vue, va mener à l'exclusion des véritables militants. Aux attaques régulières, Belkhadem s'abstiendra de répondre “frontalement” en choisissant des répliques occasionnelles lors de rencontres qu'il anime. Signe, pour les redresseurs, d'un fléchissement du SG et raison de plus pour qu'ils poursuivent et intensifient leurs activités en direction de la base avec une médiatisation en règle de la moindre nouveauté. En face, vu les différences et les divergences entre les animateurs du mouvement, on considère que cette tentative est vouée à l'échec, d'autant plus qu'elle n'est pas justifiée. Après les poings, la bataille est déplacée dans la presse par communiqués interposés. Mais il est difficile de distinguer avec précision les objectifs des uns et des autres. Si Goudjil évoque une attitude “zaïmiste” de Belkhadem, il sous-entend qu'il réclame sa tête. Il veut une direction collégiale pour remettre le parti sur sa véritable voie, les autres ont plutôt modéré le ton en lui suggérant de revenir à la ligne du parti, à ses statuts et son règlement intérieur. Des visées qui ne se rencontrent pas. Du moins pour le moment. Et dans cette bataille sans vainqueur, c'est le FLN qui montre une piètre image de parti instable depuis 1996. Il va sans dire que cela va négativement se répercuter sur ses résultats aux prochaines législatives de 2012. Ce qui ne semble pas sérieusement préoccuper les acteurs de cette crise. En fait, l'objectif de ces salves dispersées n'est pas de “réinventer” le FLN mais d'effacer la trace de celui qu'ils ont intronisé après la chute de Benflis. La question de positionnement évoquée comme principal argument ne tient pas devant cette insouciance de l'avenir immédiat. Discrètement, il est reproché à Belkhadem d'avoir une ambition personnelle, exactement comme Benflis, se porter candidat à la présidentielle de 2014. Et pour éviter le scénario de 2004, on préfère “prévenir” pour rejeter cette éventualité. Et pour l'enfoncer davantage, on l'accuse ouvertement de vouloir briser le FLN, à la fois, par l'exclusion, en créant la zizanie et en mettant le parti à la disposition des hommes d'affaires. Ainsi affaibli, le FLN, enlisé dans cette crise “durable”, risque de s'engluer encore davantage et de s'enfoncer dans le fossé de ses scissions à l'orée des législatives de 2012 pour lesquelles il n'aura le temps ni de se préparer ni, encore moins, de “se refaire” des rangs serrés. 2011 pourrait cependant connaître une trêve. Juste une trêve “législative” avant de reprendre les hostilités sur fond de présidentielle 2014.