La tension monte au Front de libération national. La crise qui secoue le parti depuis le 9e congrès risque, à ne point en douter, de laisser des plumes, eu égard aux «intransigeances» des uns et des autres. Si la direction actuelle sous la houlette de Abdelaziz Belkhadem a décidé de contre-attaquer et de traduire devant le conseil de discipline le clan des redresseurs pour manquement aux règles du parti et «tentative de vouloir créer des bulles spéculatives médiatiques», les redresseurs, par la voix de l'ex-ministre Mohamed Seghir Kara, réitéraient dans une déclaration au Temps d'Algérie, ne reconnaître ni ce conseil dont les membres seraient de pseudo militants, ni la direction qui a vidé le parti de ses vrais militants. «Il est inadmissible qu'à la veille de la célébration du 56e anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution, le secrétaire général du FLN offre un si honteux cadeau aux moudjahidine en traduisant devant le conseil de discipline des révolutionnaires de la trempe de Salah Goudjil», a regretté hier Mohamed Seghir Kara dans une déclaration au Temps d'Algérie, révélant qu'une «réponse sans ambages» à ce sujet sera adressée au secrétaire général «au plus tard demain» (aujourd'hui, ndlr). Mohamed Seghir Kara qui regrette que la traduction devant le conseil de discipline des «vrais militants» s'est faite publiquement et via même la presse internationale, alors que «statutairement cela devrait se faire secrètement», soutient que cette décision est une violation des statuts du parti. «Qu'ils passent d'abord les premiers devant ce pseudo-conseil», peste notre interlocuteur à l'intention de la direction actuelle qu'il déclare désormais publiquement ne pas reconnaître. «Ceux qui osent traduire devant le conseil de discipline des Kara, Goudjil, Abada et j'en passe, ne sont pas de vrais militants du parti», tranche-t-il, promettant «nettoyer le parti des affairistes». Affirmant en réponse à notre question sur l'activité du clan des redresseurs, «que les contacts sont permanents avec la base» alors qu'une coordination continue se poursuit avec les kasmas et mouhafadhas, M. Kara déclare : «Nous ne reviendrons pas en arrière tant que le parti n'est pas restitué à ses vrais militants.» Il révélera que la direction actuelle donne des cachets avec le sceau du parti «aux affairistes» qui confectionnent des cartes d'adhésion de à qui ils veulent. «C'est la vérité, on ne peut pas cacher le soleil avec un tamis», fait-il remarquer non sans demander «l'application stricte de la loi fondamentale du parti». Autre son de cloche du côté de la direction. Le chargé de la communication du FLN, Kassa Aïssi, affirme que les portes du parti «n'ont jamais été fermées aux idées contradictoires», contrairement à ce qu'ont soutenu les redresseurs. «Nous les avons convié à débattre à l'intérieur des structures du parti», affirme-t-il, qualifiant les récentes déclarations de certains leaders du mouvement de redressement de «tentative de vouloir créer une bulle spéculative médiatique». Il reprochera aux redresseurs une réaction tardive sur la composante du comité central, affirmant à propos du conseil de discipline «conforme aux statuts», qu'en plus des redresseurs, tous ceux qui ont usé de la violence au cours de l'opération de renouvellement des structures du parti y seront traduits. Le temps des compromis est fini», commente M. Aïssi, affirmant à propos des membres du comité central qui seraient «corrompus» que les mesures disciplinaires sont «une action permanente au sein du FLN». Reconnaissant que des membres du comité central «ne remplissent peut-être pas les conditions», Aïssi révélera qu'une fois traduits devant le conseil, les redresseurs peuvent toutefois être réhabilités», tente-t-il de justifier avant d'affirmer que «le conflit doit être réglé d'une manière démocratique». Le fossé se creuse toutefois davantage entre les deux «clans» qui n'arrivent plus à s'entendre sur… «les statuts du parti». La crise et relancée de plus belle.