Les jeux sont faits! Rien ne sera plus jamais comme avant au Moyen-Orient et ce, quelle que soit la forme que prendront les événements. L´éditorialiste du journal israélien Maariv est de ceux qui en sont persuadés. «Le Moyen-Orient, comme la nature, a horreur du vide et ce vide va être rapidement rempli par des forces nouvelles et incontrôlables», écrit-il. Pour incontrôlables, elles le sont, en effet, ces révolutions sans leaders. D´autant plus incontrôlables que personne ne les a vues venir. «Nos experts ès Moyen-Orient étaient convaincus que tout resterait sous contrôle», ironise de son côté le chroniqueur du Haaretz, autre journal israélien. Plus accusateur, l´éditorialiste de Maariv s´étonne que «personne en Israël n´avait prédit que le régime égyptien serait à ce point fragile». La chaîne Euronews fait état de «l´inquiétude en Israël» en précisant que «confidentiellement, Netanyahu aurait appelé les chancelleries européennes et américaines à soutenir Moubarak». L´hebdo français L´Express révèle de son côté que «Netanyahu a interdit à ses ministres et conseillers de commenter (la crise en Egypte)». Assurément, son service de renseignement, le Mossad, a été pris de court. Un mythe s´écroule. En public, le Premier ministre israélien se contente de dire que «nos efforts portent sur la préservation de la stabilité de la région». Comment? C´est Shimon Peres qui a donné, lundi dernier, la réponse. «Israël a encore énormément de respect pour Moubarak. Une oligarchie religieuse fanatique n´est pas mieux que l´absence de démocratie», a-t-il avoué. Première conséquence, un dirigeant des Frères musulmans égyptiens, Mohamed Ghanem, a appelé, hier, «à stopper les fournitures de gaz et pétrole». Lourde menace quand on sait que l´Egypte assure 40% des besoins en gaz d´Israël. Perdus dans des probabilités incertaines et sérieusement inquiets, les dirigeants israéliens ne sont pas rassurés par l´ambiguïté des positions qu´expriment leurs alliés. L´Union européenne, selon le ministre des Affaires étrangères belge (pays qui assure la présidence), ne veut pas «se substituer au peuple égyptien» mais elle est «parfaitement consciente que l´Egypte est un facteur de stabilité et nous souhaitons qu´elle le reste», a-t-il déclaré. Comme ambiguïté on ne peut mieux, en effet. Du côté américain ce n´est guère mieux. Des informations en provenance de Washington indiquent que «les Etats-Unis n´utiliseront pas leur droit de veto lors du vote de la condamnation d´Israël pour les implantations (des colonies)». Ainsi donc et pour la première fois, les USA ne soutiendront pas «inconditionnellement» Israël. Une position inédite qui est à mettre sur le compte des premiers effets de la crise en Egypte. A tous ces soucis est venu s´ajouter, hier, le limogeage du gouvernement jordanien par le roi Abdallah qui a chargé un ancien général de former un nouveau cabinet. Dans ce pays aussi, les choses bougent. Pas forcément dans le sens voulu par les Israéliens. Au Liban non plus. Comment les dirigeants israéliens pourraient ne pas être inquiets isolés comme ils sont et comme ils ne l´ont jamais été? Les yeux sont braqués sur les pays arabes alors que la plus grande détresse est vécue par les Israéliens. La peur a changé de camp!