Assourdissant en effet, est le silence arabo-africain face aux événements qui marquent le Monde arabe depuis deux mois - lors desquels a été enregistrée la chute de deux despotes, Ben Ali et Moubarak - sans que nul dirigeant de ces contrées n´ait pris sur lui d´appeler leurs homologues, mis en cause par leurs peuples, à raison garder. Personne n´a voulu, ni ne veut, se mouiller se gardant ainsi de condamner les excessifs dépassements des despotes accrochés au pouvoir, comme c´est le cas actuellement en Libye, du tyran Mouamar El Gueddafi prêt à se «battre jusqu´à la dernière goutte de sang de son peuple». Ni l´Union africaine et encore moins la Ligue arabe (elle s´est réunie hier au Caire, on se demande bien pourquoi alors qu´elle est restée impassible lors des répressions des manifestants tunisiens et égyptiens) n´ont cru urgent, ni daigné, ne serait-ce que du bout des lèvres, mettre en garde leur sanguinaire pair libyen. Si les dirigeants arabes et africains ont brillé par leur silence au moment où El Gueddafi utilisait des armes de guerre contre son peuple, que dire du cynisme occidental, qui donne plus l´impression de s´inquiéter d´improbables boat people envahissant l´Europe et des milliards de manque à gagner pour leurs industries militaires, que réellement préoccupé de ce qui peut advenir des peuples arabes en général et, présentement, du peuple libyen en particulier livré à la fureur d´un fou, arrivé on ne sait par quel prodige au sommet de l´Etat libyen. Voyant déferler sur ses côtes des centaines de milliers d´immigrants africains qu´El Gueddafi savait comment «traiter», l´Italie rappelle, impudemment, que le traité conclu en août 2008 entre Rome et Tripoli a entraîné, avance le chef de la diplomatie italienne, la diminution de 94% des débarquements de clandestins en Italie, avec une politique de refoulement immédiat. Ce traité honteux avait, en son temps, été dénoncé par les organisations de défense des droits de l´homme. Au moment où un peuple, le peuple libyen, est en perdition, l´Europe des 27 s´alarme de l´immigration illégale et des pertes financières que les révolutions sont en train d´induire dans le Monde arabe. Et comment! Elle s´inquiète à raison quand les despotes et autres monarques sont prêts à dépenser sans compter des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars en armements inutiles (c´est le cas notamment de l´Arabie Saoudite qui a acheté aux USA, à la fin de l´année 2010, pour 60 milliards de USD d´armes de guerre sophistiquées en sus de 30 milliards de dollars pour un éventuel renouvellement de sa marine) qui confortent surtout les économies et industries occidentales au détriment du bien-être des peuples arabes. Ce sont ces armes de guerre, singulièrement les avions de chasse et les hélicoptères, que le tyran fou de Tripoli a utilisées dimanche soir contre la population de la capitale libyenne, qui ont choqué le monde entier, par un crime de guerre unique dans les annales. Mais pas que l´Occident! Voilà que le président russe, y va de son commentaire allant jusqu´à estimer que des pays arabes pourraient se «désintégrer en petits morceaux». Quels pays arabes? Dmitri Medvedev s´est aussi dit appréhender «(...) l´arrivée au pouvoir de fanatiques». C´est singulièrement le risque de perdre, jusqu´à dix milliards de contrats d´armements avec les potentats arabes, qui inquiète Moscou. En effet, des gouvernements arabes démocratiques auront, sans doute, d´autres emplois pour cet argent prodigalement gaspillé par les autocrates arabes. Dès lors, on comprend le désarroi des Occidentaux (la Russie y compris) face à des changements qu´ils ont été incapables de voir venir ni, a fortiori, contrôler, évidemment, au bénéfice de leurs pays. Ce qui explique pourquoi l´Occident caresse dans le sens du poil, des chefs autoritaires des pays arabes, plus préoccupés de chercher son indulgence, que le respect de leurs peuples.