Non, ce n´est pas une blague! Les mesures d´aides au profit des jeunes, adoptées en Conseil des ministres dernier, ont donné lieu à des réactions inattendues. Certes, ces mesures sont sans précédent dans le monde. Mais de là à entendre des nantis, comme ce patron d´un groupe privé, dire au journal online TSA: «Il n´y a aucune mesure pour nous! Au lieu d´encourager les entreprises existantes qui peuvent créer immédiatement des emplois pour absorber une partie du chômage, le Président a préféré prendre des mesures pour encourager la création d´entreprises nouvelles», on ne peut que s´interroger sur les limites de l´absurde. Ce patron pense, sérieusement, que l´argent d´aide à la création d´entreprises nouvelles, donc des jeunes, lui revient à lui et à ses pairs. Avec ses comptes en banque garnis, il considère qu´il doit être «servi» prioritairement et avant tous les jeunes en situation plus que précaire. On a même la nette impression qu´il voit d´un mauvais oeil l´arrivée de ces jeunes dans le monde des affaires, dans cette chasse gardée d´une caste qui n´accepte aucun «intrus». Si le cas de ce patron n´est pas isolé il représente, heureusement, une minorité. C´est ce qui explique que les patrons du FCE (Forum des chefs d´entreprise), qui ont tenu une réunion au lendemain du Conseil des ministres, ne sont pas parvenus à adopter une position commune sur les nouvelles mesures. Aucun communiqué commun n´a pu, d´ailleurs, être publié à l´issue de cette rencontre. Il n´empêche que la preuve vient d´être donnée qu´il se trouve des patrons complètement insensibles à l´intérêt national. Ils ne se soucient que de leurs intérêts personnels. Courte vue car leur prospérité dépend du développement de l´économie nationale. Un développement qui implique celui du pouvoir d´achat, donc de la consommation, donc de leur carnet de commande, donc et en définitive, de leur propre prospérité. Et pourquoi avoir peur de la concurrence qui pourrait naître avec l´arrivée des jeunes entrepreneurs aidés par l´Etat? Il suffit que cette concurrence soit saine et loyale pour qu´elle agisse sur la qualité qui handicape fortement nos prétentions à l´export. Le cas de cet opérateur qui pousse des gémissements d´enfant gâté alors même que le même Conseil des ministres ne l´a pas oublié, est révélateur de «l´appétit» démesuré des possédants. L´augmentation jusqu´à 90% de l´abattement des charges patronales de cotisation à la sécurité sociale pris en charge par l´Etat ainsi que l´introduction des concessions de gré à gré de terrains pour l´ensemble des investisseurs, doivent paraître à ce patron comme des «mises en bouche». Il veut plus. Il veut tout. Il n´accepte pas que l´Etat ait refusé «de ne prêter qu´aux riches». Il voit mal l´arrivée de ces jeunes aujourd´hui désargentés et qui demain feront, comme lui, fortune. A vrai dire, si nous nous sommes limités aux propos de ce seul patron, il faut savoir qu´il n´est pas unique en son genre. Il y en a forcément, d´autres pour avoir pu bloquer le communiqué commun. Quoi qu´il en soit, que ce type de patrons le veuille ou non, le changement en profondeur réclamé par l´ensemble des Algériens c´est aussi mettre le pied à l´étrier à tous ces jeunes qui n´en peuvent plus de végéter. Ceux qui pensaient que la condition des jeunes ne pouvait être perçue et réglée qu´au chapitre de demandeurs d´emploi, en sont pour leurs frais. Les jeunes créateurs d´entreprises arrivent. Avec dans les poches le dinar symbolique pour s´installer et seulement 2% en apport personnel pour les investissements où l´Etat mettra à leur disposition un milliard de centimes. C´est pourquoi nos jeunes suscitent quelques jalousies.