Les enseignants vacataires de l'enseignement supérieur montent au créneau. Hier, une vingtaine d'entre eux, exerçant aux universités de Bouzaréah et Blida, a organisé un rassemblement devant le siège de la tutelle, sis à Ben Aknoun. Les contestataires exigent un règlement rapide de leur situation pour le moins «critique». Ils dénoncent, à ce sujet, les dépassements et le favoritisme prédominant dans la gestion de ce dossier, qui traîne depuis plus d'une décennie. «Nous exigeons un statut d'enseignant, or l'administration nous traite comme des esclaves», s'indigne M.Karim B.enseignant au département de philosophie à Bouzaréah. Ce titulaire d'un magistère s'interroge sur les raisons qui retardent sa titularisation. «J'ai soutenu en 1990, chaque année l'administration me promet de statuer sur mon cas, en vain». Et d'ajouter: «Je sais très bien à qui on attribue les postes.» Sur un ton furieux, il continue: «A ceux qui payent plus, bien sûr.» Partant de «ce constat», les vacataires interpellent le ministère de la Justice, afin de poursuivre ceux qu'ils ont qualifiés de «fraudeurs». Son collègue abonde dans le même sens en s'interrogeant sur les critères arrêtés par l'administration pour la titularisation, l'année en cours, de seulement deux enseignants vacataires, sur les 40 qui se sont portés candidats pour ces postes. Idem pour les vacataires de l'Institut de sociologie. A en croire nos interlocuteurs et en dépit du déficit enregistré dans cet institut estimé à 39 professeurs, l'administration refuse de recruter des enseignants. «C'est le blocage total, et ce sont les étudiants et les enseignants qui en pâtissent», précise l'un d'entre eux. Pour ce dernier, «il existe une volonté délibérée de piéger l'université algérienne dans des conflits internes afin d'empêcher les professeurs de jouer leur rôle». Comment expliquer alors l'écart entre les discours officiels et la réalité? L'on se rappelle, en effet, que dans une récente déclaration, le ministre de l'Enseignement supérieur avait évoqué l'ouverture de 3000 postes budgétaires, dont 700 pour les enseignants vacataires uniquement à Alger. Une décision qui ne semble qu'un voeu pieux. L'on note enfin que la délégation des protestataires a été reçue hier par le chef de cabinet au niveau de la tutelle.