Les «préparatifs» sont loin d'être ce qu'ils étaient. Décidée par la réunion de l'interwilayas des ârchs, lors de la rencontre de Tizi Rached et peaufinée, toujours à Tizi Rached, lundi dernier, l'action du 10 décembre à Alger - marche des délégués et sit-in devant les bureaux de la représentation onusienne à Alger - risque fort de ne pas mobiliser les foules. En effet, comparativement aux actions précédentes et à titre d'exemple, celle du 14 juin 2001 qui a vu la capitale envahie par des centaines de milliers de citoyens, celle de ce 10 décembre «tombe» à un moment où le mouvement connaît un tas de problèmes. L'un des premiers «couacs» que connaît le mouvement est, sans doute, le fait que beaucoup de «délégués» ne sont pas ou plus représentatifs. Des coordinations locales et non des moindres, à l'exemple de celle de Bouzeguène, ont soulevé en vain le problème du renouvellement des mandats par la base. A ce problème, déjà majeur en soi, sont venus s'ajouter d'autres et des plus complexes. Il y eut d'abord le coup accusé par les ârchs avec l'apparition de fissures importantes en leur sein, notamment depuis le «conclave» de Mekla, puis l'apparition de délégués dits «Taiwan» et le retrait de ceux proches ou apparentés au FFS, à la veille des élections locales. Un malheur n'arrivant jamais seul, le mouvement a eu à gérer: les arrestations de certains «délégués» et aussi la mainmise des mouvances partisanes, telles que le RCD et le MAK. Cette dernière «embûche» a semé le trouble dans les rangs. Des «délégués» se sont départis de leur réserve et sont montés au créneau pour dénoncer le fait. Ce qui, évidemment, ne travaille pas pour le mouvement, loin de là. Réduits désormais, à des groupuscules peu ou prou partisans, les «délégués» apparaissent dans de nombreuses régions telles les daïras du sud de la wilaya, comme isolés des populations qu'ils sont censés représenter. Aussi, les actions entamées ici et là, ne drainent plus grand-monde. C'est le cas dans la wilaya de Tizi Ouzou, mais c'est aussi la même «ambiance» qui est vécue à Béjaïa ou à Bouira. Alors qu'à Boumerdès et à Alger, ce sont carrément, les militants du RCD qui «squattent» les rangs du mouvement, au détriment des principes directeurs. La baisse de la mobilisation citoyenne, due pour une large part à la fatigue des populations et à ce qui leur paraît comme un manque de visibilité du mouvement, même s'il n'est aucunement remis en cause la justesse des revendications, est aussi le résultat de certains comportements. De supers délégués, se prenant pour la conscience des populations, sont apparus et tentent de lui dicter, souvent sous la menace, la voie à suivre! Unicisme quand tu nous tiens! Dans l'ornière où se trouvent, aujourd'hui, les ârchs, une seule réponse peut être donnée à tout question-nement: «Le mouvement a dévié!». Aussi, la marche d'Alger à laquelle des «délégués d'Alger», en fait des militants d'un parti, appellent, risque fort d'être un coup d'épée dans l'eau. En Kabylie, les «préparatifs» sont loin d'être ce qu'ils étaient pour les marches précédentes. Il est vrai que la Cadc affirme qu'il s'agit d'intéresser au maximum 5 délégués par coordination locale, mais devant le peu de monde «mobilisé» lors du sit-in, devant la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, le 5 décembre, il semble que l'action du 10 est vouée à l'échec, du moins à une certaine désaffection citoyenne. Rien dans les cités n'annonce l'événement. Pour l'heure, les citoyens ne semblent guère s'intéresser à cette action. Le divorce d'avec la population est-il aussi grave que cela? En tous les cas, il y a urgence pour les ârchs: celle de revenir à la base, discuter avec les citoyens, tenir compte de leurs avis et surtout ne pas se croire au-dessus du peuple. D'autres s'y sont cassé les dents.