Patronat et syndicats ne cachent pas leur hostilité à la politique gouvernementale actuelle. La rumeur semble se confirmer. Les pouvoirs publics s'achemineraient vers une nouvelle dévaluation de la monnaie nationale dès le début de l'année prochaine. Rien, pourtant, ne laissait présager une pareille éventualité. Même la loi de finances 2003 ne laissait guère entrevoir une telle mesure. En attendant, si les spéculations vont bon train à ce sujet, les représentants de l'Ugta et des principales organisations patronales ne se sont guère fait prier pour rejeter, dans la forme et dans le fond, cette mesure. Du côté de l'Ugta, une source proche du secrétariat national qualifie cette démarche, qui en est tout de même au simple stade de rumeur, de «véritable provocation que l'Ugta ne saurait tolérer». Et de rappeler que la dernière CEN (Commission exécutive nationale) avait laissé toute latitude au secrétariat national, avec à sa tête Abdelmadjid Sidi Saïd, de prendre toutes les décisions jugées utiles ou nécessaires dans le cadre de la défense des intérêts des travailleurs, des entreprises et de l'économie nationale. C'est, du reste, dans ce contexte précis que cette organisation ouvrière rejoint l'ensemble des syndicats patronaux également engagés sur ce front. Ces derniers, les trois plus importants du moins, doivent tenir une séance de travail la semaine prochaine avec l'Ugta dans le but de mettre la touche finale pour la tenue imminente de la conférence sociale et économique prévue d'ici au début de l'année prochaine. Ces organisations, en attendant cette date, ne ménagent plus leurs critiques vis à vis de la politique gouvernementale actuelle. La Cgoea continue de dire que «l'ensemble des paramètres macroéconomiques est au beau fixe, ne cesse de s'améliorer et promet même de suivre la même courbe pour au moins les trois années à venir». Ce constat, confirmé par l'ensemble des données, chiffres et déclarations officiels, «devrait pousser les pouvoirs publics à en profiter pour donner un bon coup d'accélérateur en faveur des investissements créateurs d'emplois et de richesses afin de faire en sorte que ces paramètres ne soient plus si fragiles, en quelque sorte artificiels puisque toujours tributaires des réserves de change et des cours du pétrole». Au lieu de quoi, la priorité est toujours accordée à la stabilisation de ces données sans la moindre initiative parallèle, mettant même en péril la réussite du plan de soutien à la relance économique lancé en grande pompe par le Président Bouteflika à grands renforts de milliards de dollars. Le comble sera atteint, estime cette organisation, «si les pouvoirs publics décident une nouvelle fois de dévaluer la monnaie nationale alors que tous les facteurs et paramètres tendent à édicter le contraire, et même à entamer les démarches pour faire en sorte que le dinar algérien devienne convertible, ce que prévoit implicitement l'accord d'association avec l'Union européenne». Même son de cloche du côté des autres organisations patronales qui rejettent, unanimement, cette mesure, précisant qu' «elle aura pour finalité de favoriser plus encore les importateurs qui ruinent l'économie nationale alors qu'elle poussera d'autres entreprises créatrices d'emplois et de richesses à mettre, elles aussi, la clé sous le paillasson». Dans le cas où la rumeur de cette dévaluation viendrait à être confirmée, il ne fait guère de doute que nous risquons d'aller tout droit vers un bras de fer très dur entre le gouvernement et ses principaux partenaires sociaux au moment où le pays a un besoin vital d'un minimum de stabilité afin de poursuivre son plan global de sortie de crise.