La campagne pour les législatives a gelé toutes les affaires sociales et économiques. Le patronat est mécontent. A l'origine du courroux, tous les engagements inscrits dans le Pacte économique et social sont restés lettre morte. A en croire Mohand-Saïd N'Aït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien(Cnpa), le patronat s'apprête à provoquer une réunion avec ses autres partenaires, en l'occurrence le ministre du Travail et l'Ugta. Depuis la signature du Pacte national économique et social, le premier dans l'histoire du pays, un grain de sable semble gripper la machine. Le risque électoral n'a pas été calculé. La campagne pour les législatives a mis toutes les affaires sociales et économiques au frigo. «Ça n'a pas été possible de demander audience avec le ministre du Travail en pleine période de campagne électorale», reconnaît Mohand-Saïd N'Aït Abdelaziz. Faut-il rappeler dans la foulée, que l'ensemble du staff FLN du gouvernement a été en campagne. Quant à l'Ugta, représentant des travailleurs, ce syndicat, dirigé par le parti d'Ahmed Ouyahia, a été aussi impliqué dans la bataille électorale. Après un retard de six mois, les législatives ont constitué un autre blocage. Viendra ensuite la phase du «wait and see» pour un remaniement gouvernemental devenu presque certain. En d'autres termes, plusieurs ministres étaient en stand-by. Soit reconduits dans la nouvelle équipe de l'Exécutif, soit nommés députés suivant les résultats des dernières législatives. En toile de fond, les affaires de l'Etat sont restées en suspens. Et le patronat est d'ores et déjà sur ses nerfs. Depuis l'installation de la commission de suivi et de mise en oeuvre du Pacte national économique et social, aucun compte n'a été rendu. «Rien n'a changé, l'entreprise algérienne est confrontée aux mêmes problèmes posés», regrette le président de la Cnpa. Ce dernier affirme «qu'une bonne partie» des engagements, notamment d'ordre économique, inscrits dans le pacte «ne sont pas encore pris en charge par les pouvoirs publics». Mohand-Saïd N'Aït Abdelaziz ne parle pas pour ne rien dire. Il fait partie du comité de suivi et de mise en oeuvre. Il est aussi l'un des signataires du Pacte national économique et social. Notre interlocuteur, appelle le gouvernement à agir vite. «Cela va faire bientôt une année qu'a eu lieu la signature du Pacte national économique et social», a-t-il laissé entendre. Le timing de l'Exécutif Belkhadem n'a pas été minutieusement réglé. Des élections législatives au remaniement gouvernemental, le président de la Cnpa juge qu'il est temps ou jamais de s'y prendre. Car, à l'horizon pointe un autre rendez-vous électoral: les locales du mois d'octobre. Du côté de l'Ugta, ce partenaire privilégié des pouvoirs publics a, lui aussi, trop traîné la patte quant aux conventions de branche. Le dossier des 20.000 salaires impayés, en dépit des garanties officielles, tantôt émises de la part des départements ministériels, tantôt de la part de l'Ugta, demeure encore au point zéro. La campagne pour les précédentes législatives a mis également l'ensemble du secrétariat national de l'Ugta sur la piste électorale. Le résultat: les affaires économiques et sociales sont restées en suspens. Au bout d'un parcours inachevé, le patronat, otage lui aussi des querelles politiques, compte, selon le président de la Cnpa, rompre le silence et secouer le cocotier.