«Nos réserves de change sont à un niveau qui assure une pleine solvabilité du pays». L'information diffusée par un journal arabophone annonçant une éventuelle dévaluation du dinar pour le mois de janvier prochain continue de susciter des interrogations parmi les experts financiers algériens, surtout que le ministère des Finances et la Banque d'Algérie n'ont pas pour le moment, encore réagi à cette information. Selon ces informations, le dollar, qui est échangé à 80 DA au taux officiel et 100 au taux parallèle, pourrait connaître une certaine perturbation les derniers jours de l'année. Contacté par L'Expression, M.Abdelkrim Harchaoui, ex-ministre des Finances et membre actif à l'APN, a indiqué que dans les conditions actuelles des équilibres macroéconomiques, qu'il s'agisse d'équilibre budgétaire ou de la viabilité de la balance de payement, il n'y a aucune raison de dévaluer la monnaie nationale. «Nos réserves de change sont à un niveau qui assure une pleine solvabilité du pays que ce soit vis-à-vis du créancier, au titre du remboursement de la dette ou pour le financement des opérations d'importation», a expliqué l'ex-ministre des Finances. Il a ajouté qu'il n'y a, pour le moment, aucune raison qui justifierait une quelconque liaison entre une dévaluation de la monnaie nationale et les problèmes de maîtrise de la demande d'importation, avec pour objectif d'en réduire le volume global. Abdelkrim Harchaoui relève, qu'en l'absence d'informations exhaustives sur le sujet, il est permis de nuancer la perte de valeur dans la convertibilité du dinar algérien. En effet, à l'en croire, la décision de la Banque d'Algérie peut ne pas être une décision strictement nationale. «Il se pourrait que la dévaluation ait pour origine un renchérissement des monnaies étrangères avec lesquelles les opérateurs économiques algériens traitent régulièrement, tel que l'euro ou le dollar. A ce moment-là, ce n'est pas forcément une perte de valeur du dinar. Un tel état de fait ne peut être considéré comme une dévaluation de la monnaie nationale», a-t-il déclaré. A ce propos, notre interlocuteur précise que dans notre système de régulation financière, on a introduit une certaine souplesse, qui conduit nécessairement à une flexibilité dans la politique monétaire. Aussi, la remise en cause de la valeur du dinar est-elle quasi automatique. Le marché interbancaire des changes l'atteste. Interrogé sur la prochaine adhésion de l'Algérie à l'OMC et son éventuelle répercussion sur la monnaie nationale, M.Harchaoui a expliqué que l'OMC n'a rien à voir avec la parité du dinar. «Il y a un double équilibrage interne et externe. Si la dévaluation est annoncée, il faudra situer le code. Nous avons une loi des finances qui a décidé de la cotation du dinar par rapport aux principales devises. Les autorités ont les moyens de maîtriser la parité du dinar», a conclu l'ancien ministre des Finances sous le gouvernement Ouyahia. Si elle est confirmée, une dévaluation peut susciter des inquiétudes, autant dans les milieux économiques qu'au sein de larges couches de la société. Des réactions indésirables peuvent être enregistrées dans la sphère des producteurs nationaux qui devront importer leur matière première plus chère. Par ailleurs, de nombreux observateurs insistent sur l'importance de la politique monétaire dans les équilibres économique d'un pays. Dans le cas de l'Algérie, ces mêmes observateurs relèvent la trop grande rigueur du pouvoir politique vis-à-vis des grands équilibres macroéconomiques, au point que ces derniers semblent devenir l'un des facteurs freinant la relance économique souhaitée. Un excès de prudence que la bonne santé financière du pays justifie difficilement.