Le GIA décimé et ses émirs locaux abattus, c'est le Gspd qui serait derrière les attentats du ramadan. Grâce à l'offensive permanente des forces combinées et au maillage très serré des villes et axes routiers du territoire de la wilaya, la situation sécuritaire s'est considérablement améliorée. De cela, toutes les populations en témoignent. Le GIA de Sayah Attia a vu ses troupes fondre à vu d'oeil: quelque 600 terroristes éliminés entre 1992 et 2002. Parmi eux, cinq dangereux émirs, Sayah et son fils, Abdelkader Bouteldja alias «Traoré», Kara et Bensallam. Une baisse spectaculaire des faux barrages (97%, rapportée à la période meurtrière 94-97) alors que l'utilisation des bombes a chuté pratiquement de 93% comparativement aux années 94-95. Autant de résultats acquis au prix d'un lourd tribut payé par les corps constitués. Les attentats, qui ont brusquement resurgi durant le ramadan, soulèvent des questions relatives au dernier carré terroriste à l'origine de ce regain subit, et son appartenance factionnelle. Deux militaires assassinés à Boghar, deux policiers à Berrouaghia et deux patriotes mitraillés à Ksar El-Boukhari et Ouled Brahim, alors que trois civils tomberont, eux aussi, sous les balles assassines. Très probablement, c'est la main du Groupe salafiste pour la prédication et le djihad (Gspd) de Abdelkader Saouane donné pour mort. Comment expliquer ce déplacement des attentats terroristes, sachant que le Gspd avait pour théâtre d'opérations les massifs forestiers de Derrag, Djbel Ellouh et Khemis-Miliana? Deux hypothèses: premièrement, maintenu sous une pression de plus en plus grande par les forces de sécurité dans ses fiefs traditionnels, le Gspd est condamné à créer des tensions dans quelques villes de Médéa pour pouvoir se dégager. Deuxièmement, l'approvisionnement en armes et en munitions serait à l'origine de ce redéploiement comme le corrobore la série d'attentats enregistrés depuis le mois de mai dernier dans la wilaya de Aïn-Defla où active également Katibat Al-Ahouel dirigée par l'émir Salim Afghani. Pour revenir aux attentats ayant ciblé les villes de Boghar, Ksar El-Boukhari et Berrouaghia, il pourrait s'agir soit d'un résidu du GIA soit des groupuscules de Boghar et de Ksar El-Boukhari passés sous la bannière du Gspd que l'on dit déchiré par des rivalités claniques féroces pour la succession de Saouane, de l'argent et du favoritisme entre éléments de Derrag et le reste du groupe. D'où la dissidence de M'hamed Houti, actuellement à la tête de la seriat (section) de Boghar, en errance dans les forêts de Ouled Antar et Changoura, rapportent des sources concordantes. Même s'il est hasardeux de dresser la cartographie et de donner le nombre d'éléments composant le Gspd, des informations recoupées permettent d'en dégager approximativement le «portrait-robot». Il y a le groupe de Derrag (50 à 60 selon des estimations), tous originaires du village et ses alentours, et opérant généralement à travers l'axe Derrag, Djbel Ellouh, Khemis Miliana, et le versant opposé Ouled Hellal, Chorfa, Djendel. Un deuxième groupe en dissidence, dirigé par l'émir M'hamed Houti (qui se composerait de 8 à 10 éléments), natifs de Boghar et Kherba Siouf. Enfin, le troisième (constitué, dit-on, de 5 à 7 activistes), tous originaires de Ksar El-Boukhari, sous la férule d'un certain «Medjnoun» et se déplaçant habituellement, entre les contreforts du Vieux-Ksar, Zaouia, Mokhtari, Benalia et la cité du Marché où le patriote Aïssani a été assassiné le mois dernier. S'agit-il de groupuscules autonomes ou reçoivent-ils les ordres de Derrag? Difficile d'y répondre lorsqu'on ignore si la séria de Ksar El-Boukhari a prêté allégeance à la chefferie de Djbel-Ellouh ou M'hamed Houti. Reste l'attentat de Berrouaghia dont le groupe ne peut encore être identifié si l'on s'en tient à l'information rapportée par un confrère, et selon laquelle, il s'agirait d'une opération «motorisée», c'est-à-dire un commando itinérant. Quoi qu'il en soit, en cherchant à investir les villes, le Gspd risque de creuser sa propre tombe car l'équipée sauvage du GIA a forgé conscience, résistance et implication des populations aux côtés des forces de sécurité.