L'émir Abou Lablaba a procédé à un «recrutement massif» dans les rangs de ses «amis d'enfance». Depuis la mise hors d'état de nuire de deux terroristes aux environs d'Alger-Plage, confirmation est obtenue que le Gspc tente bel et bien de se redéployer au niveau de la capitale d'une part, mais d'autre part que son nouveau mode d'organisation lui a fait adopter des mesures de prudence réduisant les membres des «cellules» à seulement deux personnes, avec un cloisonnement relativement bien respecté. Le nouvel émir d'Alger, dont nous avions donné le nom dans une précédente édition, semble toutefois dérogé à cette règle. Selon des sources sécuritaires sûres, il aurait procédé à des recrutements importants dans les rangs des anciens activistes du GIA ayant bénéficié de non-lieu de la justice. Natif de Belcourt, Bouti Abdelghani, alias Abou Lablaba, «a ainsi recruté onze éléments tous natifs de ce quartier populaire algérois». Ces activistes ont tous été formellement identifiés. Bouti Abdelghani n'est pas le seul élément «élargi» par la justice à avoir «repris» du service. Khitabet de Bab El-Oued avait lui aussi tenté de commettre des attentats à Alger après sa sortie de prison. Il a été arrêté à la fin de l'année passée. Ce quartier avait déjà fait parler de lui, il y a de cela deux mois, puisque l'ancien émir d'Alger, abattu à Chéraga en compagnie de son lieutenant, Defaïri Abdelhalim dit Abou Abdellah et Azizi Mohamed, étaient tous deux natifs d'Echaâba, dans les hauteurs de Belcourt. Ils activaient dans le même groupe qu'Abou Lablaba, sariet El-Bourkane, celle-là même qui avait revendiqué l'attentat commis le mois dernier contre la centrale électrique du Hamma. Pour ceux qui ne connaissent pas bien Alger, il serait utile de souligner qu'El-Hamma se trouve juste à la lisière des quartiers belcourtois, et est inclus dans le même découpage administratif. Il est vrai que les deux terroristes abattus la semaine passée alors qu'ils s'apprêtaient à commettre un attentat contre trois policiers en faction du côté de Bordj El-Kiffan étaient, eux, originaires de Benzerga. Ils auraient eu pour mission, notamment, de tester l'hermétisme du dispositif sécuritaire en vue de voir s'il était possible d'introduire des bombes dans certaines plages les plus fréquentées de l'Est algérois. Le GIA, quand il était à l'apogée de sa puissance, en 1998, avait réussi à placer de nombreux engins explosifs dans de nombreux sites balnéaires, créant dans la capitale un véritable climat de psychose. C'est ce que tente de rééditer le Gspc, en faisant appel aux «élargis» du GIA, experts dans la guérilla urbaine, alors que le groupe fondé par Hassan Hattab en septembre 1998 et éliminé par ses pairs, il y a de cela quelques mois, a de tout temps privilégié le recours aux maquis classiques, avec des attaques contre les convois des services de sécurité, les attentats ciblés, et les faux barrages durant lesquels sont rackettés les citoyens, et certains égorgés pour des raisons pas toujours très claires. Depuis que «l'état-major» au complet, conduit par Nabil Sahraoui, a été éliminé lors d'une opération menée par les troupes de l'ANP sur les hauteurs de Béjaïa, le Gspc traverse la plus grave crise de son existence. «Il n'arrive toujours pas à désigner un nouvel émir», nous disent des sources dignes de foi. L'instance dite «Ahl El-Hall Wal Akd», (les gens de solution et de loi), censée présider la rencontre de désignation du successeur de Sahraoui, en présence de tous les émirs locaux, n'arrive pas à se réunir du fait du pressing constant qu'exercent les forces de sécurité sur toutes les poches de maquis encore existantes dans le pays. C'est pour cette raison, disent les mêmes sources, que Mokhtar Belmokhtar, qui aurait séjourné quelque temps dans les maquis kabyles, espérant peut-être prendre la direction nationale du Gspc, a fini par s'installer de nouveau dans le Grand Sud algérien, profitant de ses bases arrière maliennes, lui procurant vivres, argent et armes grâce à la contrebande. Les tribus locales, indiquent des sources, préfèrent traiter avec Belmokhtar au lieu d'El-Para, de son vrai nom Amari Saïfi, détenu par un groupe dissident tchadien, et en instance d'être transféré aux services de sécurité algériens grâce aux discrètes mais efficaces médiations libyenne et allemande. Les observateurs, bien au fait des questions sécuritaires, se basent sur ces données pour souligner que les services de sécurité disposent d'une occasion unique d'en finir définitivement avec le terrorisme islamiste en un temps record. Cela est d'autant plus vrai, nous dit-on encore, que même le Gspd, (Groupe salafiste pour la prédiction et le djihad), qui ne fait plus parler de lui dans les hauteurs de Médéa, est à bout de souffle depuis que son émir, Souane, est tombé gravement malade. A Alger, même si le nombre de terroristes actifs a augmenté, il n'en demeure pas moins qu'ils trouvent beaucoup de mal à commettre le moindre attentat, notamment à cause du manque de moyens, à l'absence de leurs relais traditionnels tant nationaux qu'internationaux, mais aussi la grande expérience acquise par les policiers et les gendarmes, dont les effectifs quadrillent H24 la capitale en un maillage quasi infranchissable. Cela est tellement vrai, indique-t-on, que toutes les tentatives sont demeurées vaines pour mettre en place des cellules au niveau de Bab El-Oued et de la Casbah. Ce quartier, redoutable s'il en fut, était le «PC» de Flicha avant qu'il ne soit abattu. En revanche, plusieurs réseaux dormants, dont ni le nombre ni les effectifs n'ont pu être précisés, auraient été réactivés. C'est pourquoi, la vigilance doit rester de mise, aujourd'hui plus que jamais.