Le groupe islamique armé de Rachid Ouakali, dit Abou Tourab, revient à la veille de la présidentielle. Huit personnes qui se trouvaient à l'intérieur de deux ambulances ont été assassinées, avant-hier, mardi, à l'entrée de la ville de Berrouaghia, à 32 km au sud de Médéa. Les huit personnes composaient le personnel médical ambulancier et la famille d'un citoyen de Laghouat, qui rapatriaient une dépouille mortelle, et rentraient de Blida vers Laghouat. A 20h, ils quittent à vive allure Médéa et se dirigent vers le sud par la RN1. Au lieu-dit El Fernane, situé à l'entrée nord de Berrouaghia, les deux ambulances sont prises entre des feux nourris. Le groupe armé, vraisemblablement le GIA, a criblé les véhicules de balles, «une cinquantaine de douilles jonchaient le sol hier matin encore», faisant huit morts «sur le coup», et deux blessés «dont l'un se trouve dans un état grave mais hors de danger». Les vastes maquis qui entourent la région, offrant des fiefs inexpugnables faits de monts, de vaux, d'oueds et de forêts denses et luxuriantes «ont facilité le repli des auteurs de ce carnage», selon une source sécuritaire de Médéa. Cet attentat vient sonner comme un sérieux avertissement pour les forces de sécurité, qui ont réussi, durant de longs mois à sécuriser cet axe routier Blida-Médéa Berrouaghia qualifié naguère d'«axe de la mort», et qui a été entre 1994 et 1998, «le plus dangereux tronçon routier d'Algérie». L'embellie sécuritaire a, semble-t-il, fait baisser la vigilance aux citoyens, qui, de nouveau, reprennent, de nuit, la conduite automobile dans cet axe qui se vidait de toute circulation dès 19h, il n'y a pas très longtemps. Le dernier attentat sur un axe routier de Médéa remonte à au moins deux ans, lorsqu'un chauffeur de taxi assurant la liaison entre Blida et Aïn Boucif avait été intercepté à l'entrée nord de Médéa et ses huit occupants abattus à bout portant. Depuis, deux ou trois attentats avaient été commis par de jeunes terroristes dans le centre-ville de Médéa, où des policiers avaient été ciblés, et on imputait les attentats à un certain Si-L'hadi Larbi, connu, fiché et recherché par les services de sécurité à ce jour. L'attentat d'avant-hier est imputable vraisemblablement au GIA de Rachid Ouakali, dit Abou Tourab et non au Gspd d'Abdelkader Saouane, émir du Gspd. Ce dernier, qui a fait scission d'avec Zouabri en 1997, au même titre, et en même temps qu'Ali Benhadjar, émir de la Lidd, privilégie les attentats ciblés et se démarque des attentats visant les civils, selon le schéma cher au Gspc, afin de ne pas «s'aliéner les populations locales, avec lesquelles il cherche à vivre en symbiose». Depuis son intronisation dans un communiqué signé par son officer-juriste, Abou Abbès Elyas, Aboub Tourab Er-Rachid n'a pas connu de «grands coups médiatiques», à l'instar de ses prédécesseurs Zitouni, tué le 26 juillet 1996, et Zouabri, tué le 8 février 2002. Le GIA, sous son commandant, a connu un long «dépérissement» activant dans les wilayas du Centre (Blida-Médéa-Aïn Defla et Chlef) avec à peine 30 à 40 hommes. Ce nouvel attentat, perpétré à la veille d'une importante élection, met les forces de sécurité sur le qui-vive et fait revenir l'image inquiétante d'un groupe crépusculaire, certes, mais encore «opérationnel», et qu'on avait failli oublier.