A l'occasion de la commémoration du 54e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme a dressé un tableau noir sur la situation en Algérie et dans le monde. Tant sur le plan national qu'international, M.Ali Yahia Abdennour dira que le sécuritaire est devenu un argument pour les pouvoirs dans le monde pour bafouer les libertés individuelles et politiques. Voyant venir les interrogations sur les conditions qui ont entouré les dernières nouvelles concernant son client, le numéro deux de l'ex-FIS, Ali Benhadj, l'animateur de la conférence a tout de suite anticipé les choses pour mettre les points sur les «i»: «Notre organisation milite pour les droits de l'Homme sans aucune exclusion qu'il s'agisse de Ali Benhadj ou d'Abrika...» Par cette expression, à travers laquelle il a voulu anéantir les clichés entretenus par ses détracteurs, le président de la Laddh a immédiatement ouvert les débats sur la libération de son client, le numéro deux de l'ex-FIS et les conditions de détention des membres des ârchs arrêtés il y a quelques semaines. A propos de Ali Benhadj, il dira que ce dernier «veut purger toute sa peine pour pouvoir jouir pleinement de ces droits à sa sortie en prison». Comme pour ne pas en rester là, l'avocat de Benhadj a déclaré que la carte de la grâce présidentielle et la libération de son client sont devenues autant de cartes politiques, voire électoralistes. Le conférencier soutient cette thèse à la lumière des déclarations des différentes parties qui s'expriment sur la question. Il explique, à ce propos, que la fin légale de la détention de Benhadj coïncide avec le début de la campagne pour la présidentielle. «Et toutes les parties cherchent à le tirer à leur profit», allusion à l'armée, aux éradicateurs et même au Président de la République qui, selon Ali Yahia Abdennour, «veut exploiter la carte de la grâce pour Ali Benhadj afin de gagner en popularité en prévision de la campagne présidentielle». Les souhaits exprimés par le président de la Laddh portent aussi des appréhensions sur les enjeux de l'année 2003 qui pourra générer des phénomènes similaires au scénario de l'Amérique latine. Il n'a pas, à ce propos, écarté le retour aux assassinats politiques. L'autre dossier, et non des moindres, soulevé par le conférencier, est celui relatif aux disparus. Il a affirmé que les familles des disparus et toutes les familles victimes de la tragédie nationale «doivent être traitées sur un pied d'égalité et en transparence». Par ailleurs, Ali Yahia Abdennour a exprimé son voeu que l'année 2003 soit celle de la paix sociale sans laquelle le pays ne sortira pas de la crise: «Quand le peuple cesse d'aimer ses gouvernants, il cessera d'obéir.» Il a, par la même occasion, clamé la nécessité de la levée de l'état d'urgence «premier pas essentiel vers le retour des libertés et des droits humains (...) la première injustice contre les droits de l'Homme est l'Etat d'urgence».