Les représentants de l'aile réconciliatrice misent sérieusement sur cette échéance électorale. Ils se démarquent donc de leur politique de la chaise vide et comptent réinvestir l'arène politique en prévision de prochaine présidentielle. Des indiscrétions laissent, en effet, entendre que les principaux représentants de l'aile réconciliatrice, particulièrement les dissidents à la candidature de l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia en 1999, penseraient sérieusement à parrainer un candidat pour la présidentielle de 2004. Reste à savoir si le collège des réconciliateurs va pouvoir dégager son poulain du consensus. Bien que les mêmes indiscrétions qui donnent quelques détails sur certaines décisions prises au sein de cette nébuleuse permettent quand même de donner quelque pronostic. Ainsi l'on avance que le leader charismatique du FFS Hocine Aït Ahmed aurait déjà fait son testament politique ce qui laisserait le champ libre à d'autres «pointures» de se placer dans le starting-block de la présidentielle. Certes, si le nom d'Ahmed Taleb Ibrahimi, leader incontesté du parti, non encore agréé, Wafa, revient par à-coups, c'est surtout celui de Mouloud Hamrouche dont l'ombre sur le rendez-vous de 2004 se profile de plus en plus, qui revient le plus souvent. Ce dernier, toujours jaloux de son «indépendance» peut, en effet, faire l'unanimité quant à sa probable désignation, il a les atouts pour. Fils du sérail et outre qu'il a su majestueusement se rapprocher du mouvement citoyen des ârchs, cet aspirant à la présidence de la République aurait une cote remarquable auprès des institutions les plus officielles du pays. L'on dit, par ailleurs, que cet homme serait capable de réactiver de vieux réseaux et s'assurer le soutien des notables locaux du pays. Mais rien n'est encore joué. Les prétendants à la magistrature suprême, en habiles manoeuvriers, ont bien des atouts qu'ils ne manqueront pas d'abaisser le moment venu. Quoi qu'il en soit, une telle démarche, qui met fin à la politique de la chaise vide, ne peut que renforcer la démarche réconciliatrice initiée par le Président de la République. Dans les faits ce serait même une solution politique à la crise que connaît le pays depuis l'interruption du processus électoral en 1992. Dans ce cas le scrutin de 2004 ne pourra que renforcer le caractère républicain de l'Etat. Au cas où un tel scénario viendrait à se confirmer, l'on n'exclut pas une présidentielle à deux tours. Puisqu'il faudra compter avec un président fort d'un mandat et bénéficiant du soutien incontestable d'une des grosses cylindrées de la scène politique, à savoir le FLN. De plus, Bouteflika peut se targuer d'avoir inscrit le pays dans une logique de partenariat stratégique avec la première puissance mondiale, en l'occurrence les Etats-Unis qui, depuis l'arrivée d'Abdelaziz Bouteflika, n'entrevoient plus les relations avec notre pays sous l'oeil exclusif et étriqué du fameux pragmatisme américain. Désormais l'alliance avec le pays de l'Oncle Sam prend, grâce à cet expert en diplomatie qu'est le Président de la République, une dimension hautement stratégique, dépassant de loin les intérêts immédiats du business. Si le groupe des réconciliateurs parvient à glisser un nom dans la course à la présidentielle, la course à la magistrature suprême promet d'être passionnante.