Le MSP fait marche arrière sur la question de la levée de l'état d'urgence après la « ferme » opposition adressée par le gouvernement au projet de loi relatif à ce sujet, déposé par ce parti au bureau de l'APN. Hier, lors d'une rencontre avec les élus du parti à Alger, Boudjerra Soltani, a tenté, non sans avoir, au préalable, eu recours à des acrobaties oratoires chères au feu Mahfoud Nahnah, de minimiser l'ampleur de ce revirement. Une position qui s'apparente beaucoup plus à un positionnement «stratégique» en prévision de l'évolution presque certaine de la scène politique après notamment le raz de marée électoral de Bouteflika. «La levée d'état d'urgence n'est qu'un simple détail dans la dynamique réconciliation nationale, source de paix et de stabilité» explique le président du l'ex-Hamas. La réconciliation nationale, projet fétiche du président Bouteflika, dont le parti islamiste s'en est fait, durant la campagne pour la présidentielle, un leitmotiv électoral, demeure aussi, de l'avis du président du MSP, un élément moteur à même de renforcer ,dans un «proche avenir» l'alliance présidentielle, pacte politique scellé avec le RND et l'aile dissidente du FLN, le 15 mars 2004 pour soutenir la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Après la victoire écrasante de ce dernier lors du scrutin présidentiel, avec 84.99% des suffrages exprimés, les portes semblent, à en croire les dires du conférencier, grandes ouvertes pour le MSP lequel, dans le cadre de l'alliance présidentielle, est appelé à participer à la reconfiguration de la «carte» politique que Soltani dit, au demeurant, soutenir contre vents et marées. «Nous sommes déterminés à évoluer dans une ère politique nouvelle où seront respectés, a-t-il insisté, les principes de la démocratie et la nature républicaine de l'Etat algérien». Plus explicite, l'ancien ministre du travail a, dans son plaidoyer, fait remarquer que le paysage politique, dans lequel l'alliance présidentielle jouera le rôle principal, connaîtra, dans une brève échéance, des «changements importants» et des «décors supplémentaires». Bien que le n°1 du MSP s'est gardé, tout au long son intervention, d'évoquer la nature politique de ce changement dont tout le monde fait référence depuis la réélection de Bouteflika à la tête de la magistrature suprême, le ton serein qu'il a sciemment affiché renseigne sur le «retour en force» que le parti compte marquer sur la scène politique. Les messages qu'il a savamment distillés laissent prévoir que le MSP est plus que jamais décidé à reconquérir la place «de choix» qu'il avait perdue au cours des élections législatives et locales de 2002 au profit d'El Islah, son principal rival. Pour rappel, la rencontre organisée au siège du parti à Alger entre les élus des deux chambres, l'APN et le Conseil de la nation, a eu pour effet l'installation des présidents des groupes parlementaires.