La formation politique islamiste entend construire son discours électoral sur la question de l'amnistie générale. L'entêtement du président du MSP à évoquer la question de l'amnistie générale, agace ses alliés au pouvoir, apprend-on de sources dignes de foi. Le FLN et le RND qui s'en tiennent aux «limites» tracées par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, songeraient sérieusement à «demander des explications» au leader islamiste, d'autant qu'on chuchote dans les couloirs de l'Assemblée populaire nationale, que le positionnement du parti de Boudjerra Soltani est motivé par des considérations purement électoralistes. On assure même, dans certains cercles très au fait de la vie politique nationale, que le MSP est en passe d'élaborer une stratégie ciblant l'électorat de l'ex-FIS, dans la perspective des prochaines échéances électorales. Les mêmes sources indiquent que la formation politique islamiste entend faire carrément campagne pour l'amnistie générale et construire l'essentiel de son discours électoral sur cette question précisément. Bien que rien, pour l'instant, n'indique une franche cassure au sein de l'Alliance présidentielle, il n'en demeure pas moins que la question de l'amnistie générale est à même de constituer la ligne de fracture entre le RND et le MSP à mesure qu'approche le rendez-vous avec les urnes. Il est clair, en effet, que le parti d'Ouyahia, qui reçoit l'essentiel de ses soutiens dans les rangs des GLD et autres enfants de chouhada, fera barrage à toute tentative partisane qui miroiterait l'amnistie générale, comme solution à la crise algérienne. Soltani et Ouyahia vont, donc, s'affronter très sérieusement lors de la prochaine campagne pour les législatives et les locales, avec ce que cela pourrait supposer comme impact négatif sur la pérennité de l'Alliance présidentielle. Une probable entrée du FLN, la plus «huilée» des machines électorales de la classe politique nationale, dans cette polémique, pourrait «broyer» le MSP qui, quelque peu «usé» par la pratique du pouvoir, cherche à renouveler son réservoir électoral en allant chasser sur les territoires du parti d'un Abdellah Djaballah, quelque peu déstabilisé par l'imbroglio politico-juridique où il se débat depuis des mois. Ainsi, le parti de Boudjerra Soltani, qui semble voir les problèmes que rencontre le MRN de Djaballah, comme une bénédiction, entend saisir cette occasion au vol. D'où la tendance du MSP à revenir à sa vocation première, à savoir la défense des thèses islamistes. Pour l'heure, le discours de cette formation politique se confine à l'actualité politique en rapport avec la réconciliation nationale, mais les observateurs n'écartent pas la possibilité de voir le MSP persister dans sa demande quel que soit le verdict du chef de l'Etat, l'enjeu étant essentiel pour une formation politique qui entend fédérer l'ensemble des forces islamistes sous sa bannière. Une perspective qui n'est pas pour arranger ses alliés au pouvoir. Ces derniers, révèlent des sources bien informées, ne verraient pas d'un mauvais oeil un élargissement de l'Alliance présidentielle à d'autres formations non islamistes, histoire de «calmer» les ardeurs d'un MSP, de plus en plus offensif sur des questions qui, en principe, relèvent de la compétences des plus hautes autorités du pays. Cette «lecture» est d'autant plus vraisemblable, sachant «l'appétit insatiable» du parti islamiste en termes de représentation partisane au gouvernement. Le leader du MSP avait, d'ailleurs, regretté le fait que certains postes ministériels de souveraineté demeurent fermés à son parti. Une allusion claire à une volonté de peser le plus lourd possible dans l'échiquier du pouvoir. Cela pourrait venir par une victoire électorale. Et vraisemblablement, le parti de Boudjerra Soltani mise sur les électeurs de l'ex-Fis pour réaliser son rêve: donner un président islamiste à l'Algérie.