Elle sera précédée de celle des ministres délégués aux Affaires maghrébines des cinq pays. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe (UMA) se réuniront le 3 janvier à Alger pour relancer l'organisation dont le sommet prévu en juin dernier à Alger avait été reporté sine die, a indiqué dimanche dernier le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Cette réunion des ministres sera précédée, le 2 janvier, de celle des ministres délégués aux Affaires maghrébines des cinq pays de l'UMA, a encore précisé M.Messahel à la télévision algérienne. A peine l'annonce faite par l'officiel algérien que le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération Mohamed Benaïssa, a rebondi pour faire du chantage en avertissant sur les colonnes du quotidien arabophone londonien Al-Hayat que la dynamisation de l'UMA «en l'absence de transparence dans les positions ne peut aboutir qu'à l'échec». Le 17 juin déjà et alors que tout était prêt pour accueillir les chefs d'Etat maghrébins, le 21, le président Abdelaziz Bouteflika avait décidé de reporter le sommet, après une conversation téléphonique avec le chef d'Etat libyen, Mouammar Kadhafi. Aucune date n'avait été fixée pour un prochain sommet qui ne s'est pas tenu depuis 1994. Pour Mohamed Benaïssa : «Il n'est pas possible de mettre de côté un problème qui touche tous les Marocains, qui concerne l'intégrité territoriale du pays et sa souveraineté», dans une allusion au conflit du Sahara occidental. Pourtant, le Maroc a souscrit au plan de règlement onusien du conflit et signé les accords de Houston sous le parrainage américain. Lors de sa récente tournée dans les trois pays du Maghreb, le sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient, William Burns, a rappelé que son pays était en faveur d'un «règlement pacifique» de la question du Sahara occidental. Pour ne pas être en reste dans cette région qui était sous sa domination, la France aurait joué le rôle de médiateur entre l'Algérie et le Maroc. Le quotidien arabophone londonien Asharq Al Awsat a révélé dernièrement que lors de sa visite éclair du ramadan dernier au Maroc, le président français Jacques Chirac aurait oeuvré au réchauffement des relations entre Alger et Rabat. L'Algérie, tout comme le Maroc, ont démenti formellement l'existence d'une quelconque médiation les concernant au sujet de l'épineuse question sahraouie. L'avenir communautaire des populations de la région est suspendu depuis des années à ce conflit et la voie tracée pour son règlement dans le cadre de la légalité internationale est sans cesse remise en cause par le royaume chérifien. Lors de la fête du Trône, le souverain marocain est même allé jusqu'à remettre en cause toutes les résolutions onusiennes relatives à la tenue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Un véritable pied-de-nez fait à l'ONU et aux USA, parrains du processus de règlement de cette question de décolonisation inachevée. Enfin, il y a fort à parier que cette surenchère marocaine, précédant la tenue d'un sommet des chefs d'Etat de l'UMA, rendu inévitable par l'enjeu sans cesse grandissant que renferme la région, ne trahisse des velléités de grignoter sur le rôle désormais stratégique et pivot dans la région que les grandes puissances assignent à l'Algérie aussi bien sur le plan économique et énergétique que sur le plan de la lutte contre le terrorisme, le grand banditisme et le trafic de drogue.