La problématique sécuritaire et celle de l'immigration ont fini par sortir l'UMA de sa léthargie. Les dirigeants des pays maghrébins ont fini par s'entendre sur la date de leur rencontre pour tenir - enfin - un sommet indéfiniment reporté. Ce qui peut être évalué comme le fait que ces responsables ont pris la mesure du retard incommensurable qu'accuse le Grand Maghreb dans la construction et transcendé leur incapacité chronique à se mettre d'accord sur un ordre du jour. Prévu, théoriquement, pour les 23 et 24 décembre à Alger, le 7e Sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA), semble être au fait, le résultat d'une intense activité diplomatique impulsée aussi bien par les pays riverains du sud de la Méditerranée que par les Etats-Unis. Les multiples réunions bilatérales entre les différents experts et dirigeants maghrébins n'ont pas permis d'entrevoir une percée réelle du dossier. Le dernier sommet de l'UMA remonte à 1994. Un sommet, prévu le 21 juin 2002 à Alger a été reporté sine die, quatre jours auparavant, alors que tout était fin prêt pour l'accueillir. Ni la visite officielle de deux jours effectuée par le chef de la diplomatie marocaine à Alger, Mohammed Benaïssa, à la mi-juin dernier ni la rencontre des premiers ministres tunisien, Mohamed Ghannouchi et libyen, Choukri Ghanem, en octobre dernier, n'ont permis de faire sortir le projet de sa léthargie. Bien au contraire, l'entêtement du Maroc à vouloir hypothéquer l'avenir de millions de Maghrébins pour satisfaire un appétit expansionniste, s'est accentué dès la fin de l'été dernier. De graves accusations ont été proférées à l'encontre de l'Algérie notamment par la presse marocaine déchaînée au sujet du conflit avec le Polisario. En effet, en juillet 2003, le Conseil de sécurité a fini par trancher quant au dossier du Sahara occidental ouvrant ainsi une nouvelle page dans ce dossier. Pour contourner la pression internationale de la nécessité de traiter le problème du Sahara dans son cadre onusien, les représentants du royaume chérifien, sortaient alors la carte des frontières entre l'Algérie et le Maroc. Une assertion vite récupérée par le Flam (Front de libération de l'Algérie marocaine) et qui a failli dégénérer. Les premiers jalons d'une véritable reconstruction de l'UMA ont été amorcés au début du mois de novembre. A cette date, une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de dix pays de la Méditerranée occidentale a eu lieu à Saint-Symphorien-le-Château, à l'ouest de Paris. Elle a regroupé les pays de l'UMA ainsi que cinq Etats du sud de l'Europe : France, Espagne, Portugal, Italie et Malte. Consacrée essentiellement à la stabilité et la sécurité, aux échanges humains et aux migrations, cette rencontre a contribué à la préparation du premier sommet des 5+5 qui s'est déroulé les 5 et 6 décembre à Tunis. C'est sous la férule de Jacques Chirac que le président Bouteflika et le roi Mohammed VI ont implicitement annoncé la tenue du 7e sommet maghrébin. «Nous veillerons à ce que cet événement ne reste pas sans suite. La réussite de ce sommet doit nous inciter à faire des gestes audacieux pour contribuer à la construction d'un Maghreb uni au sein d'un espace euro-méditerranéen», a déclaré le président français à l'issue du sommet de Tunis. Parallèlement à l'initiative européenne, les Américains ont mené une action au pas de charge «pour promouvoir un message d'ouverture», mais aussi pour resserrer les liens dans une région stratégiquement sensible, activement courtisée par ses voisins européens. La tournée effectuée par le sous-secrétaire d'Etat américain, William Burns, en novembre dernier dans les trois principaux Etats de la région a effectivement constitué un autre apport pour cette redynamisation maghrébine.