Le chef de la diplomatie marocaine et son homologue algérien tenteront de lever les obstacles à un sommet de l'UMA. Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Mohamed Benaïssa, est attendu aujourd'hui à Alger pour une visite officielle de deux jours. Ce séjour du chef de la diplomatie du royaume chérifien en Algérie, répond à l'invitation de son homologue algérien, M.Abdelaziz Belkhadem, qui avait effectué les 6 et 7 février dernier un périple similaire à Rabat, et s'inscrit dans le cadre de la concertation politique régulière entre les deux pays voisins et l'intensification de leurs rapports de coopération dans tous les domaines. Aussi, outre l'évaluation de l'état des relations bilatérales en fonction de l'agenda des rencontres entre responsables des deux pays, MM.Benaïssa et Belkhadem échangeront aussi leurs points de vue respectifs sur les questions politiques régionales et internationales d'intérêt commun notamment la relance du processus de l'édification de l'Union du Maghreb arabe, la coopération euro-méditerranéenne et la situation au Proche-Orient. Néanmoins, de l'avis de nombre d'observateurs des affaires de la région, c'est le dossier de la réactivation de l'UMA et accessoirement celui relatif au règlement de la question sahraouie qui prendront le pas sur les autres points à l'ordre du jour de ces nouvelles retrouvailles algéro-marocaines. Cette relance de l'institution maghrébine en panne de rencontres au sommet depuis 1994, vise, avant tout, la tenue d'un sommet des chefs d'Etat de l'UMA après le report sine die, en raison de la volte-face de dernière minute du Maroc du sommet d'Alger au début de juin 2002. Officiellement, l'ajournement de la rencontre était le résultat d'une demande en ce sens de la Libye, mais officieusement chacun savait alors que ce sont les divergences entre Rabat et Alger entre autres au sujet de la question sahraouie qui étaient à l'origine de la tenue du sommet. Selon des indiscrétions diplomatiques de l'époque, Rabat avait conditionné sa présence au sommet par l'inscription à son ordre du jour de la question sahraouie et de l'ouverture sans préalable des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc fermées depuis août 1994. Des exigences difficiles à accepter par l'Algérie vu que, selon cette dernière, le dossier sahraoui est toujours en instance de règlement au sein des institutions de l'ONU alors que la question de l'ouverture des frontières terrestres relevait, d'après Alger, du cadre purement bilatéral. Les tractations sur ce thème ont cependant continué par la suite, et les ministres maghrébins des Affaires étrangères, réunis en Conseil ministériel début janvier 2003 à Alger, avaient convenu de fixer une date pour le sommet «par les canaux diplomatiques». C'est ainsi qu'après sa visite de deux jours à Rabat en février dernier, notre ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, s'est rendu à Tunis porteur d'un message du Président Bouteflika au président tunisien Ben Ali. Ce dernier, en recevant alors l'émissaire algérien, avait souhaité la tenue d'un sommet de l'UMA prévu pour cette année, avant la rencontre au sommet qui doit avoir lieu en décembre prochain à Tunis entre les dirigeants maghrébins et ceux des cinq pays de la rive occidentale de la Méditerranée ( sommet des 5+5 ). Cette visite de deux jours de Benaïssa à Alger balisera-t-elle, une fois pour toutes, la voie à un redémarrage effective de la locomotive maghrébine? Une première halte devra d'abord être définie: celle d'une date à un sommet de l'UMA qui se fait désirer et attendre depuis trop longtemps déjà.