La semaine du 18 au 24 septembre est exceptionnelle dans les annales de la lutte antiterroriste en Algérie. C'est là en effet la première fois, depuis la fameuse opération combinée de Aïn Defla, que le bilan d'éléments mis hors de combat est en défaveur des terroristes. Les opérations de cette semaine, selon les communiqués publiés dans la presse nationale, font état de pas moins de 47 terroristes tués ou arrêtés, contre 11 victimes, entre forces de l'ordre et citoyens. Le coup le plus spectaculaire reste l'arrestation de 19 terroristes à Boghni, après plus de 12 heures de siège, de vendredi soir à samedi matin. Les forces de l'ordre n'ont pas bombardé le site des terroristes, et n'ont pas donné d'assaut sous le couvert de blindés ou d'hélicoptères, on les voulait vivants. Là est la nouveauté. Désormais, au vu de ce bilan, se dégage une intention claire d'en finir avec les groupes armés. Les arrestations permettent de collecter de précieuse informations, sinon sur d'autres groupes, du moins sur les réseaux de soutien logistique et les sources de financement, ainsi que le trafic d'armes. A titre d'exemple, les services de sécurité de la capitale, qui venaient de démanteler le réseau d'Alger, ont arrêté le poseur de la bombe de la Casbah. Depuis le dernier attentat de la rue de Chartres, il n'y a eu que de fausses alertes et les plus fréquentes ont concerné l'aéroport d'Alger. A l'ouest du pays, une chasse systématique est organisée, concernant aussi bien des groupes armés domiciliés dans la région que les réseaux de soutien. Les citoyens, pour leur part, participent activement à l'opération en faisant preuve d'une vigilance de tous les instants, et en informant les services de sécurité de tout mouvement suspect. Selon des sources autorisées, nos frontières Ouest font l'objet d'une surveillance particulière, et plusieurs «passeurs» ont été arrêtés. «Dans les deux cas, des stocks d'armes et de munitions auraient été récupérés, et les passeurs arrêtés». Drogues et cigarettes de contrebande ont fait l'objet «d'enquêtes pour tenter de déterminer les relations éventuelles entre les commanditaires de ces trafics et le financement du terrorisme». Toujours à l'Ouest, deux réseaux de soutien et de recrutement ont été démantelés, le premier à Saïda, sur information obtenue d'un élément de Katibet Ennasr, arrêté en début de semaine, le second, dans la wilaya de Tlemcen, à Sidi Soufi, daïra de Ouled Mimoun. Tout cela indique que la lutte anti-terroriste est désormais inscrite dans une systémique globale, qui ne peut s'arrêter au niveau de l'investigation strictement sécuritaire. Les volets judiciaires, législatifs, politiques économiques et culturels s'intègrent d'eux-mêmes, du fait des liens étroits et des imbrications automatiques de ces divers aspects dans la crise algérienne. Ayant eu gain de cause dans sa lutte pour mondialiser la mobilisation contre le terrorisme, l'Algérie est désormais confrontée à ses propres démons: elle se doit de vaincre les clivages partisans et régionalistes qui stérilisent la pensée politique, de mettre fin à l'économie de bazar qui ruine la créativité et le sens entrepreneurial national, le tout à la faveur du «renversement de la situation actuelle».