Les ârchs de la wilaya de Tizi Ouzou ont tenu leur réunion à Ath-Oumalou dans la daïra de Larbaâ Nath-Irathen vendredi et samedi derniers. Les travaux de ce conclave ont été dominés par l'état de santé des détenus grévistes de la faim. Il faut rappeler que les six grévistes (Abrika, Allouache, Chebheb, Allik, Makhloufi et Nekkah), actuellement à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou ont entrepris cette ultime action depuis le 3 décembre. Epuisés, fatigués, certains traînant des maladies, comme Nekkah qui outre le poids des ans (60 ans) souffre du diabète et Chebheb un ulcère en phase de perforation, les détenus sont entrés dans une phase assez dangereuse. Deux d'entre eux, Allouache et Chebheb, ont dû être transférés à l'hôpital, et pour la troisième fois en ce qui concerne Chebheb. Les ârchs ont effectué une démarche auprès des grévistes pour les amener à cesser cette action jugée comme un véritable suicide, mais les six détenus s'en tiennent à leur exigence première. En effet, ils demandent leur libération inconditionnelle et immédiate et se considèrent comme arbitrairement arrêtés. Récemment, la coordination locale de Tizi Ouzou a rendu public un communiqué par lequel elle informe du fait que les détenus ont été séparés et enfermés dans des cellules sales et glaciales. Ce qui, aux yeux des ârchs, prouve la volonté du pouvoir d'accélérer la mort des détenus. Aussi, le conclave de wilaya qui se considère «vivement interpellé par la situation des détenus grévistes de la faim» qui «risquent de mourir dans les cachots du pouvoir maffieux et assassin», appelle-t-il la population à «observer une journée de grève générale lundi 30 décembre (demain Ndlr)». Le même jour, la Cadc informe qu'«il sera procédé au blocage de tous les axes routiers se trouvant sur le territoire de la wilaya, ainsi que la fermeture de toutes les institutions publiques (APC, daïras, Sonelgaz, impôts, etc)». Plus encore, les ârchs précisent qu'au cas où «les détenus ne seraient pas libérés à cette date, une grève générale illimitée sera lancée à partir du samedi 4 janvier 2003». Plus qu'un bras de fer ârchs-pouvoir, c'est plutôt une course contre la mort qui est lancée. Au-delà de tout ce qui peut être retenu contre un homme, il est sage et politique de savoir taire la différence, la rancoeur et toute idée de «punition» devant des êtres qui risquent de laisser leur vie dans cette affaire. L'ultimatum lancé au pouvoir, expirant le 4 janvier prochain, risque fort de remettre en selle l'émeute. Surtout si l'un des délégués y laisse la vie dans cette douloureuse action. Par ailleurs, le 29e conclave de la Cadc, a également adopté le document sur l'état des droits de l'Homme en Algérie, réalisé par la présidence tournante. Ce document sera envoyé aux instances internationales. Notons enfin que cette rencontre intervient au lendemain d'émeutes à Tizi Ouzou et à El-Kseur. Autant dire que la crise en Kabylie n'est pas près de voir le bout du tunnel.