Un rapport des Nations unies estime à 10.000 le nombre d'agents de cette organisation dans le monde. L'un d'eux, Ramzi Ben Shiba, Yéménite, appartenant au groupe de Abou Zoubeïda, un des principaux lieutenants de Ben Laden, a été arrêté par les autorités américaines à la suite des événements du 11 septembre. Les deux autres, Al-Djouhani, Saoudien, avait quitté l'Arabie Saoudite en 98 via la Jordanie, et Raouf El-Djeddi. Lors de son interrogatoire, le premier cité avait reconnu devant les autorités américaines que Ben Laden avait donné à ses lieutenants des «orientations et des directives» sur «le devenir» d'Al-Qaîda et ce, à la suite des attaques aériennes et des opérations militaires effectuées à Tora Bora, en Afghanistan. Selon les témoignages, Ben Laden aurait demandé à ces derniers de quitter l'Afghanistan et de rejoindre soit le pays d'origine soit des pays pouvant constituer un refuge et où la constitution de cellules serait facilitée par le rapprochement avec les associations caritatives existantes, afin de s'assurer des revenus et de garder le contact à l'échelle mondiale. D'ailleurs, selon un rapport des Nations unies récemment diffusé, le nombre des agents dans le monde appartenant à l'organisation Al-Qaîda est estimé à 10.000. Ce document souligne, à cet égard, que des organisations caritatives ont été infiltrées et utilisées par ces fugitifs afin de s'assurer un soutien logistique, des faux papiers et la possibilité de voyager et de s'entraîner. De plus, le rapport précise également que nombre des organisations de charité impliquées dans le financement d'Al-Qaîda se trouvent au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie du Sud et du Sud-Est. Il est donc, dans ce cas, très probable que parmi ces fugitifs, il n'y aurait pas d'éléments tentés de gagner le territoire algérien. Hormis leur présence signalée plusieurs fois sur le sol national et neutralisés par les services de sécurité, ces individus peuvent récidiver du fait de la nature «insidieuse» de leur mouvement planétaire. Par ailleurs, l'arrestation, durant ce mois, de Mohamed Harkat, un ressortissant algérien, par les autorités canadiennes corrobore les témoignages de Ramzi Ben Shiba sur «les orientations» de Ben Laden à l'adresse de ses lieutenants. En effet, selon les ser- vices canadiens de renseignement, Mohamed Harkat est un extrémiste islamiste, qui soutient les extrémistes afghans, pakistanais et tchétchènes, et est encore un membre du réseau de Ben Laden. Il est arrivé au Canada en 1995, venant de Malaisie avec un faux passeport saoudien. Son appartenance au GIA a été évoquée par deux quotidiens canadiens. Cela prouve donc que les éléments du réseau Al-Qaîda sont des volontaires islamistes venus du monde entier (Maghrébins, Egyptiens, Yéménites, Saoudiens, Jordaniens, Ouzbeks...). Ils subissent un endoctrinement rigoriste et un entraînement aux techniques de guérilla, notamment dans les camps de Peshawar ou de Kaboul, pour ensuite soit retourner chez eux, soit rejoindre d'autres foyers régionaux de conflit. Sans attache sociale, ces «afghans» élaborent une variante transnationale de l'idéologie néofondamentaliste (un régime fondamentaliste sunnite de type wahhabite doublé d'une rigueur ethnique), polarisée sur la violence terroriste couplée à un rigorisme religieux. Apparus en 1994, aux confins désertiques de la frontière pakistano-afghane, les talibans ont marqué leur «premier succès» en 1996 par la prise de Kaboul. Le «déficit intellectuel» régnant au sein du régime des talibans les a poussés à faire appel à Ben Laden pour «sa rhétorique du djihad global». C'est ainsi que se fit la fusion talibans-Al-Qaîda. Cette dernière avait vu le jour à la fin des années 90. Dix ans plus tard, le 23 février 1998, environ cinq mois avant les attentats contre les ambassades américaines en Afrique (Kenya et Tanzanie), le 7 août, lors d'un rassemblement, tous les groupes associés à Al-Qaîda publièrent un manifeste au nom du Front international islamique pour le djihad contre les juifs et les croisés. Ce fut le début de son développement à partir de l'Afghanistan en un réseau mondial qui finance, entraîne et utilise d'autres groupes dans plusieurs pays. C'est une organisation quelque peut divisée en une multitude de cellules indépendantes les unes des autres, avec des groupes préparant leurs opérations insidieusement et dans une relative indépendance.