Il semble que la montée au créneau de Sidi Saïd commence à porter ses fruits. Immédiatement après la cérémonie d'installation des SGP hier à la résidence El-Mithaq (lire l'article de KAB), le secrétaire général de l'Ugta et le Chef du gouvernement se sont dirigés vers le Palais du gouvernement en vue de tenir une bipartite dite préliminaire. Ont pris part à cette rencontre, outre les deux principaux concernés, le chef de cabinet et le directeur de cabinet de Benflis, les ministres du Travail, de l'Industrie, de la Participation et celui des Finances ainsi que six secrétaires nationaux de l'Ugta. Des sources crédibles nous ont affirmé à ce sujet que cette rencontre, intervenue à la suite de la demande formulée par la Centrale de ne traiter désormais qu'avec Ali Benflis, vise à baliser les grands dossiers qu'aborderont les deux parties lors de leurs rencontres officielles prévues dans le courant de la première quinzaine de janvier prochain. Cette rencontre, apprend-on encore, achoppera sur la finalisation des quatre points, initialement débattus lors de la tripartite du mois de septembre dernier. Il s'agira donc de mettre en place une revalorisation des salaires des corps communs de la Fonction publique, oubliés par les augmentations passées, mais aussi de mettre en place des formules adéquates d'acquisition de logements pour l'ensemble des travailleurs algériens. Une seconde bipartite doit, en outre, avoir lieu avant le mois de mars prochain. Elle viserait surtout à faire le point des décisions prises en matière de privatisations. Sur ce plan précis, le travail de Hamid Temmar a quasi intégralement été remis en cause. En effet, les SGP sont chargées de remettre dans un délai de deux mois des rapports sur leurs secteurs respectifs alors qu'elles sont censées l'avoir fait durant la fameuse rencontre où un terrible clash avait eu lieu entre ce ministre et le patron de la Centrale Ugta. En attendant, les privatisations de Temmar, décrétées par paquets de 40 entreprises, sont officiellement gelées. Mohamed Lakhdar Badreddine, secrétaire national chargé des affaires économiques, est chargé de suivre le dossier des privatisations avec le ministre de la Participation. Mieux encore, les décisions, a déclaré le Chef du gouvernement, nous rapportent nos sources, ne se feront que dans la concertation et la transparence avec le partenaire social, avec implication des syndicats d'entreprise. En cas de mésentente grave, c'est le Chef du gouvernement en personne qui sera chargé d'arbitrer. Ces décisions rejoignent, trait pour trait, les revendications déjà soulevées par la Centrale Ugta lors de sa rencontre avec Temmar, et le lendemain, dans la conférence de presse conjointement animée à la Maison du peuple par Sidi Saïd et Badreddine. Cette mesure, en outre, s'inscrit en droite ligne des orientations strictes données par le Président Bouteflika dans son dernier discours d'orientation, prononcé à la faveur du dernier Conseil des ministres tenu la semaine dernière. Madjid Sidi Saïd, par ailleurs, a soulevé le problème des Edga et Aswak El-Fellah, en train de péricliter, alors qu'ils peuvent être des sources de revenus certains aussi bien pour l'Etat que pour des centaines, voire des milliers de ménages. Aux yeux de Sidi Saïd, même s'il est vrai que l'Etat ne peut pas gérer des points de vente, rien ne l'empêche de les céder à des groupes de travailleurs s'ils n'arrivent pas à trouver acquéreurs. Le Chef du gouvernement, nous dit-on, a promis de se pencher très sérieusement sur cette question. La bonne volonté de Ali Benflis n'est pas à mettre en cause puisqu'il a presque immédiatement répondu favorablement à la demande soulevée publiquement par la direction de l'Ugta de le rencontrer. L'ensemble de ces mesures, il faut le croire, contribuera grandement à apaiser un front social qui avait eu tendance à entrer en ébullition durant ces derniers mois. Reste à préciser que des points de litige très importants restent posés puisque l'Ugta souhaite discuter de stratégie et non plus de points de détail avec le gouvernement. Une demande qui risque de faire grincer des dents chez pas mal de décideurs et de ministres, à commencer par les ministres en charge des «réformes» tels que Hamid Temmar et Chakib Khelil dont les projets viennent d'être mis au rebut et dont les jours peuvent être comptés au niveau du gouvernement Benflis.