il rappelle les raisons qui étaient à l'origine de la création du Sénat Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a déclaré, dans un entretien publié, hier, par El Watan, que l'idée de création de la chambre haute du Parlement avait germé dans les esprits en 1993 lors de l'installation de la Commission de dialogue national (CDN). «Le dialogue national qui eut lieu au niveau de la CDN devait établir les choses et les faire évoluer. Par souci de préserver l'Etat républicain, le pouvoir politique de l'époque a voulu supprimer les sources du mal par une révision de la Constitution ainsi que les lois relatives aux partis politiques et aux élections», explique-t-il. Il faut rappeler que les membres de la CDN étaient Bensalah, Khatib, Kébir et les deux généraux Touati et Derradji. La conférence de dialogue national s'était tenue au mois de janvier 1994. Elle avait été boycottée par les principaux partis dont le FLN, le FFS, Hamas et avait enfanté la plate-forme de dialogue national qui a balisé l'activité politique valable à nos jours. La Constitution de 1996 et les lois votées par le CNT ont verrouillé la vie politique par la création d'une seconde chambre au Parlement. Bensalah souligne: «Le pays a vécu une période difficile au cours des années 1991 à 1993. Il y avait risque d'effondrement de l'Etat républicain. La force politique dominante de l'époque sur le terrain a clairement dit que la République et la démocratie étaient une hérésie qu'il fallait supprimer. Il y eut l'arrêt du processus électoral qui se traduisit en quelque sorte par le gel de la Constitution, une ombre hantait les esprits quant à l'existence de la République.» Il reconnaît le gel de la Constitution depuis l'arrêt du processus électoral en janvier 1992. Il est ainsi le premier responsable politique à l'avouer publiquement et officiellement. La déclaration de Bensalah prend tout son poids. Elle justifie la politique de verrouillage suivie jusqu'ici et annonce son maintien pour les années à venir. Selon le premier responsable du Sénat, «l'expérience a démontré que le bicaméralisme est un système qui sert la démocratie». Il en veut pour preuve son existence dans 75% des pays européens et sa double élection - en Algérie - par délégation aux grands votants et au tiers désigné par un président de la République élu. Cette sortie médiatique de Bensalah qui était aussi président du RND, un parti créé en 1997 après que le CNT qu'il préside, eut voté les lois organiques relatives aux partis politiques et aux élections, indique les principales balises. Car, «si une éventuelle révision de la Constitution et la loi organique régissant la relation entre les deux chambres du Parlement et le gouvernement devaient s'imposer, des propositions seraient faites pour enrichir l'expression, en tenant compte des enseignements acquis», ajoute-t-il. L'expérience du FIS est omniprésente dans les esprits. Lorsque Bensalah évoque la parenthèse 1990-1993, il n'exprime pas un simple voeu mais un point de vue officiel.