La «gaffe» du ministre a amené les autorités centrales à réagir par le biais des «sources autorisées». L'annonce de l'envoi d'une assistance technique à l'industrie pétrolière vénézuélienne, alors que ce pays est confronté à une grave crise politique sans précédent, n'a pas fini d'alimenter la polémique. En effet, la mission qualifiée d'éminemment technique par le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, n'intervient pas moins dans une conjoncture particulière qui appelle une lecture d'abord politique. Membre influent de l'Opep, le Venezuela traverse depuis cinq semaines une zone de troubles majeurs où la compagnie pétrolière, Pdvsa, se trouve au centre de tous les enjeux. Une grève très dure des travailleurs de cette société a mis à mal le gouvernement de Hugo Chavez, au point que la situation prend des allures de désobéissance civile. Il est un fait que le Venezuela est sur un véritable volcan qui peut, à tout moment, coûter son siège à Chavez. Mais l'essentiel dans l'équation vénézuélienne est qu'elle concerne d'abord et avant tout les Vénézuéliens eux-mêmes. Aussi, l'annonce de l'envoi dans ce pays d'une délégation algérienne, qui plus est experte dans l'industrie pétrolière, tombe comme un cheveu dans la soupe et risque d'être interprétée comme un soutien de l'Algérie à l'une des parties en conflit. Une attitude qui s'apparente à de l'ingérence dans les affaires d'une nation souveraine. De nombreux observateurs des relations internationales relèvent que le ministère algérien de l'Energie aurait dû prendre en considération la nouvelle donne politique au Venezuela et reporter la mission jusqu'à la fin de la crise. Ce que n'a vraisemblablement pas fait Chakib Khelil en ne déprogrammant pas le déplacement des experts algériens. Une absence manifeste de tact politique qui a ouvert la voie à toutes les supputations et autres lectures réductrices sur la politique étrangère du pays. La seule réaction du ministre de l'Energie a été une tentative, somme toute maladroite, de dépassionner le sujet, en relevant le caractère purement technique de la mission en question. Khelil a fait mine d'ignorer que l'assistance technique, même innocente, intervient dans un secteur hautement stratégique et au centre d'enjeux politiques majeurs au Venezuela. La «gaffe» du ministre a amené les autorités centrales à réagir par le biais de l'APS qui, citant «des sources autorisées», a révélé que «la compagnie pétrolière vénézuélienne Pdvsa a présenté une demande de prestation de services à Sonatrach et ce, dans le cadre des relations traditionnelles de coopération qui existent entre pays producteurs de l'Opep». La même source a affirmé: «Cette demande, comme c'est le cas de toutes les demandes de cette nature, est à l'étude au niveau des services techniques et commerciaux de Sonatrach, et aucune décision n'a encore été prise». Autrement dit, l'Algérie dément officieusement l'information, alors que notre ministre de l'Energie s'entête à n'y voir aucune excroissance politique. Khelil a eu le même comportement sur la question du projet de loi sur les hydrocarbures où il a vainement tenté de prouver que les richesses pétrolières de l'Algérie n'avaient rien de stratégiques et que Sonatrach devait se conformer aux lois de la concurrence avec d'autres compagnies sur un minerai, propriété de tous les Algériens. Malgré une levée de boucliers de l'Ugta, le ministre maintient mordicus que le projet dont il est seul à défendre, est une opportunité historique et pour Sonatrach et pour l'Algérie. Depuis son installation à la tête du département de l'Energie, secteur stratégique s'il en est, Khelil a toujours mis en avant les aspects techniques au détriment d'une vision stratégique à même de garantir une croissance constante et harmonieuse du secteur dont il a la charge. Notre ministre de l'Energie, vraisemblablement adepte de l'électrochoc, assène ses vérités sans trop écouter l'opinion des autres. Le scandale Anderson illustre assez bien cet état de fait.