Une grenade à fragmentation a été lancée contre la résidence de l'ambassadeur d'Algérie dans la capitale du Venezuela. L'ambassade d'Algérie, située dans le Country Club, avait reçu, dans la matinée, des menaces au même titre qu'une dizaine d'autres à Caracas (Cuba, Brésil, Argentine, Portugal, Russie, Canada, Australie, Belgique). Des manifestations ont eu lieu, auparavant, devant l'ambassade du Brésil, suite au soutien public annoncé par le président Lula à Chavez. La grenade a projeté «des fragments de métal sur un rayon de 25 m» selon l'ambassadeur algérien à Caracas, Mohamed Khaladi. Dans un entretien téléphonique entre M.Belkhadem, ministre algérien des Affaires étrangères, avec son homologue vénézuélien, Roy Chaderton, ce dernier lui a annoncé qu'une «enquête allait être ouverte et que la protection de la résidence et de la chancellerie serait renforcée». Le gouvernement vénézuélien a qualifié cet acte d'oeuvre «de groupes putschistes de l'opposition», voire un «acte terroriste qui n'est qu'un aveu de désespoir de l'aile putschiste, à l'intérieur de l'opposition, après son échec dans le sabotage de l'industrie pétrolière», a ajouté le ministre vénézuélien des Affaires étrangères. De son côté, Adelaziz Yefri, conseiller à l'ambassade d'Algérie à Caracas, a qualifié cet attentat d'acte «terroriste contre l'Algérie et le Venezuela en même temps». La presse vénézuélienne, quant à elle, détenue en majorité par la droite patronale en opposition avec Chavez, a vite lié cet attentat à l'arrivée, attendue, de «techniciens algériens pour aider au redémarrage de l'industrie pétrolière largement paralysée depuis le lancement de la grève de l'opposition contre le président Hugo Chavez». La venue de ces techniciens algériens entrerait, selon le ministère de l'Energie, dans un partenariat de coopération, en vigueur depuis deux ans. Le président Chavez avait déjà reçu, récemment, une délégation algérienne composée du haut conseiller du ministre algérien de l'Industrie, Abdelaziz Djafri, et d'un conseiller de la présidence algérienne, Djaballah Zatout. Toutefois, l'embarras d'Alger à l'égard de cette «aide» après la déclaration de Hugo Chavez sur «la venue prochaine de techniciens algériens pour aider au redémarrage de l'industrie pétrolière» a été pesant même si Chakib Khelil a parlé, par la suite, d'«échanges» entrant dans le cadre d'une coopération en cours depuis plus de deux ans. Toujours est-il que cette «aide» fournie par Alger au président Chavez dans un contexte de crise nationale, au Venezuela, alors que l'industrie pétrolière de ce pays est quasi paralysée depuis le 4 décembre dernier, par une grève patronale, intervient d'une manière inappropriées, voire contestable, au point que, à juste titre, cette décision a été qualifiée d'ingérence dans les affaires internes d'un pays tiers, en l'occurrence le Venezuela. Par ailleurs, l'attaque de l'ambassade algérienne à Caracas, une première dans les annales de la diplomatie algérienne, sera, sans nul doute, «exagérément» récupérée par l'autre «opposition» médiatico-politique, algérienne cette fois, habituée aux raccourcis, qui trouvera, ici, une autre occasion inespérée du grain à moudre, inévitablement, pendant un long moment encore. On entendra, certainement dès aujourd'hui, encore une fois, une lecture sur «l'échec», à leurs yeux, de l'effort diplomatique de Bouteflika. Car, l'acharnement avec lequel s'est singularisée, à tort et à travers, cette drôle «d'opposition républicaine», version algérienne s'entend, en chargeant le moindre événement, parfois banal, d'ineptie aussi grotesque qu'inique, est non seulement coutumier chez nos putschistes de velours, mais quasiment endémique. Même s'il est vrai que jamais une chancellerie nationale n'a fait l'objet, jusqu'à ce jeudi, de la moindre attaque, soit-elle terroriste, et ce, même durant la période la plus sanglante du pays, serait-il, pour autant, un «argument» vraiment plausible pour en déceler, à l'aide de ces esprits qui chérissent l'acrobatie cérébrale, ce que seule leur intelligence singulière est capable de détecter ? L'on comprend aisément que cette mauvaise foi soit dictée par des enjeux de flibustiers, dans lesquels ils se sont eux-mêmes engouffrés, mais de là à jouer au pseudo «démocrate» effarouché, sans pour autant «malheureusement», leurrer que les simples d'esprit, il y a, a priori, un sens de la mesure minimal à respecter, sans quoi nos gesticulateurs finiront dépressifs, provoquant nos peines les plus sincères.