La région Ouest du pays connaît, ces derniers jours, une hausse inquiétante des affaires liées au trafic de documents administratifs. Il ne se passe pas un jour sans que les services de la police des frontières n'arrêtent des individus détenteurs de faux documents de voyage. D'après des sources autorisées, le phénomène a connu une recrudescence depuis que l'Espagne a décidé d'accorder des cartes de séjour aux sans-papiers qui vivent sur son territoire. Oran, Relizane, Sidi Bel Abbes et certaines autres villes ont toutes leurs petits faussaires qui n'hésitent pas à maquiller de faux documents administratifs. Mais le plus dangereux dans tout cela c'est ce qui s'est passé, il y a quelques jours, à Relizane, quand les services de police de la daïra de Jdiouiya ont démantelé un réseau de faussaires qui s'étaient spécialisés dans le trafic de tous les documents administratifs servant à la constitution de visa Schengen. Pour faire fructifier son «business», le réseau avait confectionné non seulement des cachets humides à l'effigie de certaines katibate du GIA pour adresser des lettres de menaces à des citoyens les sommant de verser des sommes pour échapper à leur colère, mais aussi des lettres de menace factices pour permettre à certains citoyens de se présenter à l'étranger comme des personnes faisant l'objet de menaces de la part des groupes terroristes, ce qui leur aurait permis d'obtenir facilement le droit d'asile. Les éléments de ce groupe ont été appréhendés et placés sous mandat de dépôt. A Oran, la semaine dernière, les éléments de la Bmpj de la daïra d'Es-Senia ont ouvert des enquêtes qui ont permis de conclure qu'un vaste réseau de trafic de documents se cache derrière les dernières arrestations effectuées. Plusieurs individus appréhendés au moment où ils voulaient quitter le territoire national, munis de faux documents de voyage, ont reconnu qu'ils les avaient acquis auprès d'individus moyennant de fortes sommes d'argent. Après vérification, il s'est avéré que ces fournisseurs agissaient sous de fausses identités. Une femme, originaire d'Alger, qui s'apprêtait à prendre l'avion pour Paris en compagnie de ses deux enfants, a révélé qu'elle avait obtenu son visa auprès d'un individu établi à Chlef et qui se serait fait passer pour un employé des services du consulat français d'Alger. Cette opération lui a coûté la somme de 1600 FF. Plusieurs personnes appréhendées ont révélé l'existence de ces intermédiaires qui n'hésitent pas à se faire passer pour des agents consulaires capables de les aider dans l'obtention du visa Schengen. Un autre individu, arrêté à l'aéroport d'Es-Senia en possession d'un passeport avec un visa Schengen trafiqué, a révélé, lui aussi, avoir eu recours aux services d'intermédiaires qui lui auraient fait comprendre que le visa qu'il avait acquis était légal. Ces arrestations ont été rendues possibles par le recours à un appareil de contrôle à infrarouge qui permet de déceler les faux documents, appareil acquis récemment. Nos sources ne cachent pas leur appréhension de voir ces filières utilisées par des individus recherchés par la police pour des affaires de grand banditisme ou de terrorisme, pour quitter le territoire national. L'épisode de la fuite de Zendjabil alias Chelfi, impliqué dans des affaires de trafic international de drogue, est encore vivace dans les esprits. Ce dernier avait même réussi, grâce à ses connaissances et à ses rentrées, à obtenir une recommandation établie par l'ex-chef de sûreté de wilaya pour lui faciliter l'obtention d'un visa auprès des services du consulat d'Espagne à Oran. Certains terroristes, à l'époque des années sanglantes, avaient réussi à quitter l'Algérie en utilisant les réseaux de faussaires et certaines agences de voyages qui ne se montraient pas trop regardantes quand le client payait rubis sur l'ongle. Des voyages organisés vers la Turquie et certains émirats du Golfe pour des commerçants ont été utilisés par certains individus recherchés pour quitter le territoire national. Des agences de voyages, qui avaient des complicités au niveau de certains consulats, obtenaient facilement des visas pour ces individus faisant l'objet pourtant de mandats d'arrêt. Des recherches intenses sont menées à l'heure actuelle pour remonter à la source de ces nouvelles filières de trafic qui «voltigent» allégrement entre le trafic de faux documents et celui de fausse monnaie et qui ne reculent devant rien pour le business même si le client a les mains tachées de sang et le casier judiciaire aussi noir que de la suie.