A part El-Kala et Annaba, toutes les autres zones n'ont pas respecté le délai prescrit par la loi. La pêche pourrait bien reprendre en 2004, c'est ce qu'a annoncé M.Mimoune, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, dans une récente déclaration accordée à un journal arabophone. Le premier responsable du secteur a indiqué que des négociations sont en cours avec un bureau égyptien pour le lancement, en décembre courant, d'une opération de recensement de notre richesse corallienne, à laquelle prendront part des professionnels algériens. Selon le cahier des charges, l'étude s'étalera sur une année. Ces délais ont été jugés «insuffisants» selon l'Association des pêcheurs corailleurs algériens, ayant exprimé des appréhensions quant à la volonté réelle des pouvoirs publics d'autoriser de nouveau la pêche au corail sur l'ensemble du littoral algérien, après un gel qui dure depuis deux ans. «Selon les spécialistes que nous avons contactés, il s'avère qu'il sera impossible d'achever une pareille étude sur 1200 km de côtes en une année», nous déclare le président de ladite association. A en croire ses déclarations, «les Italiens ont clairement signifié que ledit recensement nécessite au moins une vingtaine d'années». Qu'est-ce qu'on a fait durant les deux ans de gel? Que viendront faire donc les Egyptiens? Et pourquoi l'on a décidé de leur octroyer le marché, alors qu'ils n'ont pas une grande réputation dans le domaine contrairement au Norvégiens, aux Australiens ou aux Français? Qu'est-ce qui a amené les Egyptiens à proposer gratuitement leurs services? Pour M.Albane Amine, «il est n'y a pas l'ombre d'un doute que les personnes qui gèrent ce dossier n'ont aucune relation avec le secteur». «Nous sommes certains que le Président de la République a été mal informé sur le sujet. Sinon, comment expliquer le fait qu'on procède à cette suspension alors que scientifiquement, les études se font uniquement sur un échantillon du sujet de la recherche. Aussi et selon les spécialistes, il est nécessaire d'associer les plongeurs dans ces opérations, alors que chez nous, on leur interdit d'effectuer leurs plongées.» Cette suspension répond plutôt à «une volonté délibérée de barrer la route aux Algériens et préparer le terrain aux pêcheurs étrangers». Preuve en est «cette suspension s'applique, sur tout le littoral sur toute la côte», ce qui est en contradiction avec le décret exécutif n°95-323 du 21 octobre 1995, qui stipule que «les zones d'exploitation des ressources coralliennes ne doivent pas être exploitées plus de cinq années consécutives, à l'issue de ce délai, elles sont interdites à l'exploitation pour une période minimale de 15 ans pour permettre leur régénération naturelle». Or, à part El-Kala et Annaba, toutes les autres zones n'ont pas atteint le délai imparti prescrit par la loi. Il existe même des zones non encore été exploitées. Selon le président de l'Association des pêcheurs corailleurs algériens, les autorités dans le pays reprochent le manque de professionnalisme des plongeurs algériens ainsi que les moyens précaires avec lesquels ils procèdent à la pêche du corail. C'est ce qui aurait motivé la décision de créer ultérieurement une école de plongée professionnelle et de pêche en haute mer. «La pêche du corail ne s'apprend pas dans les écoles. L'Algérie en a déjà fait l'expérience en 1987 en envoyant en stage un groupe de plongeurs en France. Un séjour qui avait coûté à l'époque plus de 80 millions FF au Trésor public», et d'ajouter: «Les plongeurs algériens ont acquis une expérience fondamentale dans le domaine de la pêche du corail et rempli les conditions requises. Cette pêche est un travail artisanal qui ne se fait qu'à l'aide d'un marteau effilé, cette pratique demande un savoir-faire, une passion et un amour du métier.» Cette interdiction n'a pas empêché les plongeurs étrangers de pêcher dans les zones algériennes, et ce, avec la complicité de certains gardes-côtes algériens et tunisiens. En effet, il semblerait, à en croire notre source, que «des pêcheurs italiens s'introduisent dans le littoral algérien via la Tunisie, sous l'oeil protecteur des gardes-côtes des deux pays. Après avoir commis des massacres en Tunisie, l'on a décidé de s'attaquer au Trésor algérien», précise-t il. Ce n'est pas uniquement la côte de Annaba qui enregistre ce genre de pratiques, Jijel et Ténès suscitent aussi la convoitise des étrangers. Les autorités publiques ont été alertées à propos de cette situation catastrophique, «mais rien n'a été fait pour le moment», estime notre interlocuteur, tout en reconnaissant qu'«il est difficile de faire barrage à ce genre de manoeuvres, sachant que les étrangers bénéficient de complicité sur les sites». Rappelons seulement que l'Algérie avait interdit la pêche du corail aux étrangers depuis 1997. La famille du corail livrée à son sort! «L'association attire l'attention du Président de la République sur le fait que toute la famille du corail est en chômage depuis la suspension de la pêche du corail à ce jour», pouvons-nous lire dans la lettre ouverte adressée au premier magistrat du pays le 17 novembre dernier. Dans le même chapitre, et parmi les répercussions négatives qui découlent de «cette situation préoccupante», on enregistre surtout la perte d'entrées d'argent pour le Trésor public et les impôts (payement de la concession et des différentes taxes), estimée à près de 6 milliards de dinars par an. «Ce chiffre est appelé à être revu à la hausse, en incluant le travail des artisans» ainsi que les ressources financières en devises provenant de l'exportation. «Nous venons, par cette requête, vous informer que vous êtes notre seul espoir, nous vous prions d'intervenir au niveau des instances concernées pour la relance de la pêche du corail», conclut l'association dans sa lettre au Président Bouteflika.