La France a décidé de déclarer auprès de l'Organisation des Nations unies une zone économique exclusive (ZEE) en Méditerranée. En décrétant une ZEE sur un périmètre de 70 miles, la France s'accorde le droit de réguler l'activité de pêche mais aussi d'exploiter le sous-sol (pétrole, énergies marines et minerais ). La ZEE concerne ainsi la pêche et toutes les ressources, minérales et halieutiques. C'est qu'a expliqué en personne, le ministre français de l'Ecologie Jean Louis Borloo. "Les prélèvements sur les ressources qui viennent des bateaux du monde entier sans aucun contrôle, sauf dans les eaux territoriales de 15 milles, ne sont pas supportables", a-t-il poursuivi. Fustigeant les "flottes puissantes et armées", le ministre français de l'Ecologie annonce un "changement de cap" et exhorte les autres pays de l'Union pour la Méditerranée à suivre l'exemple de la France pour, dit-il, "la protection totale de la Méditerranée". Voilà une déclaration qui en dit beaucoup. L'Algérie pourrait elle aussi créer une zone économique exclusive pour protéger ses ressources halieutiques. La pêche illégale sur les eaux territoriales algériennes fait ravage. Le thon est l'espèce la plus convoitée. En juin dernier, les gardes-côtes ont intercepté, à Annaba, un bateau turc avec 210 tonnes de thon rouge à bord, pêché illicitement. Il faut dire que cette notion, qui est régie par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (ou Convention dite de Montego Bay) de 1982, permet aux Etats côtiers d'étendre leurs prérogatives au-delà des 12 milles de la zone de la mer territoriale et ce jusqu'à 200 milles maximum. La France dispose du deuxième domaine maritime mondial, avec près de 11 millions de kilomètres carrés, derrière celui des Etats-Unis. La France a déjà créé en Méditerranée une zone de protection écologique, mais qui ne concerne que "la lutte contre les pollutions, alors que la ZEE" concerne la pêche et toutes les ressources, minérales, halieutiques... Les professionnels de la pêche se déclarent satisfaits de cette mesure qu'ils réclamaient depuis 2006. Les professionnels de la pêche en Méditerranée réclamaient une "zone de gestion halieutique", calquée sur la zone de protection écologique, pour mieux contrôler ces eaux. La ZEE va au-delà de la gestion de la pêche puisque cela concerne aussi par exemple le sous-sol. L'actuelle zone de protection écologique en Méditerranée va devenir une zone économique exclusive. Une différence de terminologie qui permettra surtout à l'Etat français d'obtenir un meilleur contrôle sur les ressources naturelles de la grande bleue. Les prélèvements sur les ressources, notamment halieutiques, qui viennent des bateaux du monde entier et sans aucun contrôle, sauf dans les eaux territoriales, ne sont pas toujours supportables. Pour la France, il faudra protéger davantage la pêche et surtout protéger les poissons . La France espère d'ailleurs que de nombreux pays du pourtour méditerranéen suivront cet exemple pour pouvoir protéger les ressources de la Méditerranée. Pour ne citer que le thon, l'inquiétude est grande pour l'avenir de cette espèce menacée de disparition à cause de la surpêche. Pour de nombreux spécialistes, la survie de cette espèce se joue en Méditerranée d'où l'intérêt accordé aujourd'hui par les Etats du pourtour méditerranéen à la zone économique exclusive. Dalila B.