Des voix isolées, mais tenaces, cherchent à déceler une guerre ouverte entre eux. A mesure qu'approche l'échéance présidentielle de 2004, certaines voix, extrêmement hostiles au Président de la République, tentent de démontrer à l'opinion publique, via certains médias, que rien ne va plus entre le Président Bouteflika et l'institution militaire. Des voix sont allées jusqu'à «imaginer» une guerre carrément déclarée entre le palais d'El-Mouradia et le commandement central de l'ANP. Ces cercles, qui n'ont aucune emprise sur la société comme le prouvent les élections extrêmement libres et transparentes de l'année dernière, ont profité de l'aubaine que leur a offerte Le Canard Enchaîné en publiant de prétendues confessions du chef de l'Etat français auquel Bouteflika aurait demandé de l'aider à se débarrasser de la quasi-totalité des généraux actifs algériens. Aucun média, en reprenant cette information, la faisant monter comme il se doit en mayonnaise, ne s'est empesé sur le côté risible, seyant si bien à ce journal satirique, accolé à cette «spéculation» absolument invraisemblable. Beaucoup de données tendent à confirmer cette vision en effet. La première, et non des moindres, c'est l'impossibilité ferme et acquise que Chirac puisse se livrer à des confidences à un journal comme Le Canard Enchaîné, connu pour ses trop nombreux faux scoops et ses «pans sur le bec». C'est d'autant plus vrai que l'information revêt un caractère trop stratégique, si tant est qu'elle recelât quelque once de vrai, pour être étalée sur la place publique. Cela à un moment où la France entame un vrai sprint à la recherche du temps perdu en matière de coopération économique avec notre pays et où L'Année de l'Algérie en France, démarrée en grande pompe à Bercy, a atteint une respectable vitesse de pointe. Ce n'est pas tout. Des visites officielles au plus haut niveau, dont celle du président français à Alger, sont prévues dans le courant de cette année. Comment compromettre tout cela à cause d'une vulgaire élucubration inventée par des cercles, ici et en France, qui ne digèrent toujours pas que les relations entre les deux pays se normalisent et que l'Algérie reprenne une place de choix à l'échelon méditerranéen, africain et même européen depuis la signature de son accord d'association avec l'UE. Les raisons internes abondant dans le même sens ne manquent pas non plus. La première, et non des moindres, c'est que nous ne vivons plus du tout dans les conditions de la décennie 90. Cela, même si les nostalgiques des pronunciamientos, sous le couvert du sauvetage de la République et de la démocratie, continuent à appeler vertement l'institution militaire à renverser, bien lire renverser, le Président Bouteflika afin de leur remettre un pouvoir qu'ils savent ne jamais pouvoir obtenir par la voie légale et démocratique des urnes. L'Armée s'est bel et bien retirée de la vie politique. Les déclarations solennelles du chef d'état-major, Mohamed Lamari, ont été maintes fois étayées sur le terrain, notamment à l'occasion des législatives et des locales durant lesquelles confirmation absolue en a été obtenue, de même que celle de la neutralité de l'administration par rapport aux joutes électorales entre partis politiques. Cet acquis, certes, n'est pas au goût de tous. Notamment de ceux qui se savent incapables de triompher par la voie des urnes et qui, pourtant, continuent à se draper et à se gargariser de pompeux slogans fleurant bon la démocratie et la «républicanité» à deux sous et, surtout, à dessous. Si un second mandat du Président fait autant peur à ces cercles, minimes mais nuisibles, c'est que la progression en matière d'acquis pour la République et l'Etat de droit a commencé à toucher de plus en plus la mafia dite «politico-financière», ce qui touche des intérêts à peine imaginables tant cette nébuleuse a étendu ses tentacules dans les circuits les plus inattendus et insoupçonnés de l'Etat et de certains groupes d'influence. Et puis, si Bouteflika dérange autant, c'est que c'est le seul chef d'Etat qui a osé attaquer ces «cercles» sur leur propre terrain, celui de l'étranger, avant de les battre à plates coutures. Ceux qui ont la mémoire courte et qui tentent, en vain, de se cacher sous le giron de l'armée pour régler des comptes personnels et défendre des intérêts de même nature, oublient sans doute que c'est depuis Bouteflika que la plupart des capitales occidentales ne parlent plus de «junte militaire» en évoquant notre pays, et qu'ils y étaient pour beaucoup à cette époque avec leur double langage, l'un pour la consommation locale et l'autre pour l'étranger et les paillettes qui vont avec. L'Armée et son état-major savent très bien ce qu'ils doivent à Bouteflika. Le train du progrès et de la démocratie passe et ne se soucie guère des quelques voix rétrogrades qui s'élèvent.