Il était prévu que l'enfant terrible de la classe politique use de tels procédés. Le parti El-Islah n'a pas pris part, hier, à la séance plénière de l'APN consacrée au projet de loi sur les valeurs boursières. Dans un communiqué rendu public le même jour signé par le président du groupe parlementaire, ce parti a décidé de boycotter les travaux. Cette décision annonce la couleur de la politique du parti pour les prochains jours. Ce boycott, prétexté techniquement par des défaillances organisationnelles et les sempiternelles méthodes de l'Assemblée populaire nationale surtout, laisse lire entre les lignes une stratégie politique prévisible depuis juin 2002, date de l'entrée en exercice de l'actuelle législature. Rappelons également qu'au lendemain des élections législatives et communales, qui ont consacré la victoire du FLN, le parti de Djaballah a clairement affiché son opposition à la ligne politique du Chef du gouvernement et, partant, son refus catégorique quant à une participation à la composante gouvernementale. Les députés d'El-Islah ont même tenté de rallier leurs collègues du MSP à leur cause. Quelques mois après le grand rendez-vous électoral, le MRN énumère, dans le même communiqué, les anomalies du dysfonctionnement de l'organe législateur de la République. En effet, pour le parti islamiste, l'absence de couverture des débats par les médias lourds sous-entendant directement, bien sûr, la télévision, est un signe d'opacité de la part du bureau de l'APN. De plus, la formation de Djaballah n'épargne pas le gouvernement, mettant l'exergue sur «le mépris affiché par certains membres de l'Exécutif à l'égard des doléances du peuple», la politique de «l'obstruction pratiquée par ceux-là mêmes qui devraient veiller au respect du droit constitutionnel de cette assemblée censée veiller au contrôle et à la législation», figure parmi les raisons invoquées par le MNR pour justifier son action de boycott, à laquelle il entend donner une dimension politique. Le parti d'El-Islah qui, rappelons-le, dispose de 43 sièges à l'Assemblée, enclenche une dynamique protestataire, qui a toutes les chances d'être suivie par d'autres actions de même type. De nombreux observateurs prévoyaient que l'enfant terrible de la classe politique nationale use de tels procédés et mettent cela sur le compte de la précampagne pour la prochaine élection présidentielle en 2004. En d'autres termes, El-Islah entend gagner un temps précieux en montrant à l'opinion son opposition au système, ce qui sera fort profitable à son candidat, Abdallah Djaballah, en l'occurrence, au moment de la bataille pour la magistrature suprême.