La peur du lait chinois contaminé à la mélamine a gagné l'étranger, alors qu'en Chine même le nombre d'enfants victimes de cette gigantesque fraude s'est encore considérablement alourdi hier, se chiffrant par dizaines de milliers. Quelque 53 000 enfants ont dû être soignés dans le pays, dont près de 13 000 restent hospitalisés — 104 d'entre eux dans un état grave — après avoir consommé du lait frelaté à la mélamine, a annoncé lundi le ministère de la Santé. Huit sur dix des petites victimes de ce scandale, qui a éclaté il y a une dizaine de jours, ont moins de deux ans. À l'étranger, une série de pays, asiatiques et africains principalement, ont suspendu les importations de lait chinois, voire de tous produits laitiers ou pouvant contenir du lait : Bangladesh, Birmanie, Brunei, Burundi, Gabon, Japon, Tanzanie notamment. Des fabricants ont d'eux-mêmes ordonné le rappel d'aliments, comme l'entreprise japonaise Marudai Food, qui a retiré des milliers de petits pains industriels fabriqués avec du lait fourni par Yili, l'un des fabricants chinois incriminés. Car la mélamine, un produit chimique utilisé dans l'industrie du plastique, la fabrication de colles ou de résines, a désormais été détectée dans une large palette de produits. Dimanche soir, les autorités de Singapour ont ainsi annoncé avoir découvert le poison potentiel dans de simples bonbons d'une célèbre marque chinoise (Lapin blanc). Singapour avait déjà suspendu depuis vendredi l'importation et la vente de produits laitiers de Chine après avoir détecté de la mélamine dans du lait, des yaourts, des glaces, des biscuits et du chocolat. En prenant une tournure planétaire, le scandale a mis en évidence une pratique déjà révélée il y a quelques mois : l'ajout de mélamine à des produits alimentaires, pour tricher sur leur taux en protéines et le faire paraître artificiellement plus élevé.