Le Congrès mondial amazigh (CMA), qui se prépare à tenir son 5e congrès les 30 et 31 octobre et les 1er et 2 novembre prochains, traverse une situation difficile. C'est justement la tenue de ce congrès, plutôt le lieu de sa tenue, qui divise les rangs de cette organisation non gouvernementale au sein de laquelle une guerre de leadership et de légitimité se fait de plus en plus sentir. La crise est née en réalité depuis l'assemblée générale tenue à Meknès, au Maroc, en février dernier, mais la sortie publique des deux protagonistes au sein de cette même organisation laisse facilement déduire que tous les ingrédients d'une implosion sont réunis. Lundi dernier, les partisans de la tenue du congrès du CMA dans la région de Kabylie ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont réaffirmé leur volonté de tenir coûte que coûte, “avec ou sans autorisation”, ce 5e congrès en Kabylie, tout en s'appuyant sur les recommandations du 4e congrès de Nador en 2005 et les décisions du conseil fédéral de Meknès en février 2008. Lors de cette même conférence de presse, Rachid Raha, vice-président sortant du CMA, a déclaré que “la déclaration à travers laquelle le président du CMA qui, on ne sait pour quelles raisons, veut que le congrès soit tenu au Maroc n'est pas réglementaire et les raisons invoquées, à savoir l'insécurité et l'absence d'infrastructures pouvant abriter le congrès, sont fausses puisque nous venons de constater que la tenue du congrès est possible en Kabylie”. Interrogé à l'occasion sur les éventuelles répercussions de la situation actuelle sur la stabilité et l'avenir du CMA, Rachid Raha répondra en souhaitant une réunification des rangs et que, d'ailleurs, des contacts sont entamés dans ce sens. “Nous ne voulons pas tomber dans le piège de la division”, dira-t-il, ajoutant qu'“il faudrait faire attention car le CMA représente un enjeu important et même si, du côté algérien, il n'y a aucune force politique qui veut le récupérer, au Maroc, il y en a au moins deux, et il y a aussi deux Etats qui suivent de près ses activités, à savoir la France et la Libye”. Mais la cohésion du CMA pourra-t-elle pour autant être sauvée ? Les partisans de ce 5e congrès au Maroc n'ont pas tardé à réagir et descendre en flammes leurs camarades partisans d'un congrès en Kabylie. “Une campagne de désinformation au sujet du prochain congrès a été mise en œuvre par un petit groupe de personnes, constitué par un seul membre du bureau sur 10, et 3 membres du conseil fédéral sur 39, et qui n'a reçu aucun mandat des instances du CMA et, en conséquence, ce groupe n'a aucune légitimité à s'exprimer ni à agir au nom du CMA”, lit-on dans une déclaration signée par Belkacem Lounès, président du CMA. Samir LESLOUS