RESUME : Allal se fait beau pour le rendez-vous de l'après-midi. Il est angoissé. Lui, qui pensait du mal de sa voisine Kheira, comprend ses sentiments et décide de devenir son complice. Les heures passent sans que Meriem vienne. Il est malheureux comme un enfant, seul, dans la nuit… 5iéme partie Quand il ouvre les yeux, il se trouve seul. Les petits colons ont quitté le dortoir et fini leur toilette. Ils courent déjà dans la cour, dans tous les sens, en attendant le rassemblement avant d'aller prendre leur petit-déjeuner. - Hé Allal ! on ne t'a pas vu hier soir ! La voix du directeur Djilali le fait sursauter. Il n'aura pas à lui répondre. Les colons entrent au réfectoire. Allal a du mal à avaler son petit-déjeuner. Mais bientôt, pris par le mouvement matinal, il oublie un peu. Mais en se préparant à partir à la plage, il a le cœur qui fait un bond dans sa poitrine. Les fleurs de la villa sortent aux balcons pour voir le cortège chantant des colons traverser la route, elles en profitent pour dire bonjour aux moniteurs. Zoubida, toujours en tête, charmante et souriante, Nesrine, Kenza et Kaïs, leur jeune frère, toujours torse et pieds nus et dont la peau ressemble à celle d'un Malgache bien bronzé. Au milieu de ces fleurs, il y a Meriem, une rose rayonnante, sa rose à lui. Elle est pleine d'épines. Elle le salue aussi gentiment. De nouveau, Allal a l'idée de rentrer chez lui. Il pense subitement à sa chère maman et à sa façon de le réveiller pour aller à l'école. Et encore plus à sa manière de lui apporter son café au lait, sans pain, ni beurre, ni confiture et pourtant il trouvait que c'était le meilleur café au monde servi par une femme, grande, sèche, un peu voûtée. Une femme qui a eu une enfance très malheureuse, travaillant dans les palmeraies du Sahara, avec le ventre creux, sans sa maman depuis l'âge de cinq ans. Elle n'a jamais joué comme les petites filles de son âge. Mais l'envie lui passe encore. Les colons avec leur accent algérois sont si sympathiques qu'ils lui font oublier son projet de retour. Ils se rendent à leur baignade quotidienne. Tous y vont pour se baigner, s'amuser et se détendre mais lui, c'est pour dire bonjour, à leur passage, à Meriem et à sa famille. Le seul “bonjour” qui l'intéresse est le sien. Elle a une façon spéciale de le lui dire. Si ses sœurs et ses frères se rendent souvent à la plage et se baignent, elle est la seule à ne pas le faire quand il y a du monde. Elle est timide mais elle s'est mise à fréquenter la colonie. Elle n'hésite plus à discuter avec Allal. Elle l'a apprivoisé sans s'en rendre compte. L'amoureux profite de sa venue pour lui chanter de temps en temps des chansons de Halim Hafez. Chaque jour, ils se sentent plus proche l'un de l'autre. Allal décide de lui ouvrir son cœur et de lui avouer sa flamme. La flamme d'un amour qu'il ne peut plus garder pour lui seul. C'est un vrai fardeau qui l'épuise de jour en jour. Il se décide à le faire, demain. Il allait tout lui dire. Ce sera un grand jour. Il passe la nuit à choisir les mots qu'il utiliserait pour exprimer son amour. Il n'en dort pas. Au petit matin, il est le premier prêt à sortir. Il a attendu impatiemment le lever du jour puis celui de la colonie. Comme d'habitude, en se rendant à la mer, ils passent devant la villa et son cœur s'arrête. Les choses s'annoncent contraire à ce qu'il avait prévu. Meriem ne figure pas parmi les fleurs, ce matin là. Sa fleur est absente. Elle ne lui dira pas bonjour. Il ne lui dira rien de ce qu'il traverse depuis qu'il la connaît. Inquiet, l'imaginant souffrante, il fonce vers Zoubida et l'interroge : - Où est Meriem ? - Elle est absente, répond celle-ci. Elle et papa se sont rendus en ville… Allal prend la réponse comme une mauvaise nouvelle. Elle s'est absentée juste le jour où il a rassemblé son courage, pour lui parler du mal qui lui ronge le cœur depuis qu'il est à La Pérouse. L'idée qu'elle est partie voir son amour l'enrage. Une fille aussi belle ne peut pas être seule. Elle doit avoir quelqu'un dans son cœur. Si elle ne lui a pas parlé de cette sortie, c'est parce qu'elle devait avoir une raison personnelle. Quoi de plus personnel qu'un amour caché ? Elle doit être dans ses bras à cet instant ! Allal tente de se calmer. Elle est juste partie se promener en ville, voir son quartier, leurs amis. Malgré tout, il doute. A. K. (À suivre)