D'après les prévisions du conseil, ce qui devrait encore rassurer les marchés, c'est le niveau jugé important des stocks de blé mondiaux. Après avoir connu une période de tension durant les deux dernières années en raison d'une production en dents de scie et un niveau de consommation de plus en plus élevé, la production mondiale de blé semble se redresser, et les voyants virent au vert si l'on se fie aux statistiques du Conseil international des céréales (CIC). Le rapport du mois d'août, rendu public il y a quelques jours, met en relief des prévisions de production à la hauteur des attentes, notamment chez les gros producteurs, mais aussi le niveau des stocks qui devrait connaître une amélioration record. Le document signale, en effet, de meilleures perspectives, notamment dans l'UE, en Russie et en Ukraine qui relèvent de 10 millions les prévisions de production pour les hisser à un record de 672 millions de tonnes, 63 millions de plus qu'en 2007. Ce qui est loin d'être négligeable après deux années marquées par une crise qui a secoué le marché des céréales de manière générale, et celui des blés, de manière particulière. Durant cette période, les cours sur les marchés internationaux avaient atteint des niveaux jamais enregistrés auparavant. Le CIC note, cependant, que les pluies dans la majeure partie de l'UE ont retardé la moisson et nui à la qualité du blé. L'essentiel de la grosse récolte de l'Ukraine sera classée comme blé fourrager. En Argentine, où les semis sont en net repli par rapport à l'an dernier, le temps sec a ralenti le développement des cultures, mais les pluies ont amélioré les perspectives en Australie. Concernant les prévisions de consommation de blé, selon le CIC, elles sont majorées de 4 millions de tonnes à 643 millions de tonnes, avec une utilisation dans l'alimentation animale qui devrait atteindre 111 millions de tonnes, son niveau le plus élevé en dix-sept ans. D'après les prévisions du conseil, ce qui devrait encore rassurer les marchés, c'est le niveau des stocks de blé prévu chez les principaux producteurs. Pour le CIC, on assistera à un redressement sensible des stocks chez les cinq principaux exportateurs, avec une projection portant sur 41 millions de tonnes, soit 13 millions de plus qu'à la fin de 2007/08. À 151 millions de tonnes, les stocks mondiaux de blé seront à leur niveau le plus élevé depuis 2002/03. Une information, si elle venait à se consolider, qui devrait pousser le marché à stabiliser les cours. On devrait donc assister dès les prochaines semaines à un repli des prix des blés sur les marchés internationaux. Cependant, un fléchissement des cours a déjà été enregistré après la publication de certaines informations relatives aux prévisions de production dans certains pays producteurs et consommateurs. Le total des échanges devrait croître d'un million de tonnes, à 115 millions, contre 109 millions de tonnes en 2007/08, selon les prévisions du CIC qui relève que les achats de blé de meunerie se redressent en raison des piètres récoltes rentrées par certains pays (notamment l'Iran et le Pakistan) et du besoin de reconstituer les stocks dans d'autres. Le blé de qualité inférieure, dont l'offre est très abondante en Europe et dans la région de la mer Noire, sera très compétitif sur les marchés des aliments pour animaux. Par rapport à l'an dernier, les expéditions des Etats-Unis seront plus basses mais, celles de l'Australie, de l'UE et de l'Ukraine devraient être beaucoup plus élevées, note encore le CIC. Concernant les prévisions liées aux céréales de manière générale, le CIC indique que les bonnes perspectives de moissons mondiales ont d'abord pesé sur les prix des céréales et des oléagineux en août, puis une nouvelle vague d'achats spéculatifs, pas toujours liés aux fondamentaux du marché, a tiré les valeurs par le haut, mais elles se sont repliées par la suite. Les perspectives de production de céréales se sont encore améliorées en août, plusieurs pays de l'hémisphère nord atteignant des rendements record. Les prévisions sont majorées de 31 millions et portées à 1 749 millions de tonnes. Une offre moins tendue et des prix plus faibles ont dopé la consommation, notamment pour le blé de qualité inférieure destiné à l'affouragement et pour du maïs réservé à la fabrication d'éthanol ; les stocks de fin de campagne seront aussi plus élevés qu'on ne s'y attendait, à 300 millions de tonnes, 18 millions de plus que l'année dernière. Les prévisions d'échanges de céréales sont inchangées par rapport au mois dernier, à 230 millions de tonnes. Les importations de maïs et de sorgho seront plus faibles que l'an dernier, en partie compensées par un accroissement des échanges de blé fourrager. Hamid Saïdani