C'est une sortie qui confirme l'éclatement du Congrès mondial amazigh (CMA) qu'ont effectuée hier les représentants des deux tendances, en son sein, qui se sont lancés depuis quelques mois déjà dans un bras de fer autour du lieu de la tenue du 5e congrès prévu du 30 octobre au 2 novembre prochains. Lors d'une conférence de presse tenue hier à Tizi Ouzou par les partisans de la tenue de ce congrès dans la ville marocaine de Meknès, Belkacem Lounès, président du CMA et représentant de cette tendance, a déclaré que “tout congrès qui sera organisé ailleurs que dans la ville de Meknès n'est pas un congrès du CMA”, tout en qualifiant l'organisation d'un congrès en Kabylie d'une “véritable aventure”. “Nous voulions nous aussi que le congrès se tienne en Kabylie, mais il est impossible de réunir toutes les conditions dans cette région où les autorités ont refusé notre demande de salle et d'autorisation même après l'action intentée en justice durant l'été dernier ; une décision qui laisse clairement apparaître l'effet de l'état d'urgence au sujet duquel les responsables du pays disent qu'il n'a aucun effet sur la vie politique”, a expliqué Belkacem Lounès, tout en ajoutant qu'“au Maroc, les choses se présentent autrement puisque les institutions publiques sont aussi les institutions du peuple, et pour preuve, l'association locale chargée de préparer le congrès a obtenu un écrit du maire de Meknès qui a mis à notre disposition la salle des congrès et la maison de la culture de cette ville”. Lors du point de presse d'hier, Belkacem Lounès a abordé la question de la légitimité des membres du CMA partisans de la tenue du congrès au Maroc. “La décision de tenir le congrès au Maroc a été démocratiquement votée par 9 membres du bureau mondial sur 10 et 36 membres du conseil fédéral sur 39”, dira-t-il non sans souligner aussi que “dans les statuts du CMA, il est clairement établi que ce sont les instances élues du congrès précédent qui s'occupent de la gestion de l'organisation jusqu'à la tenue du prochain congrès”. De toute manière, les partisans d'un congrès au Maroc sont déjà à pied d'œuvre puisque le programme de ces 5es assises est déjà prêt et tout le travail logistique est déjà achevé à Meknès où 1 000 personnes, dont des représentants de l'ONU et de l'Union européenne et 500 congressistes sont attendus, selon Belkacem Lounès. Dans la même journée d'hier, les partisans de la tenue de ce 5e rendez-vous international du CMA en Kabylie ont rendu public un communiqué confirmant la tenue du congrès en Kabylie et qualifiant la démarche de Belkacem Lounès de “tentative de déstabilisation” et la tenue du congrès au Maroc de “fuite en avant”. “La délocalisation du congrès sous prétexte de ne pas avoir une autorisation des autorités, avant même une quelconque réponse de celles-ci, est une lâche décision prise en bafouant les règlements et statuts du CMA et en outrepassant les décisions des instances souveraines. Une décision qui instaurerait, si appliquée, une culture d'interdits fictifs étrangère à une Kabylie frondeuse”, lit-on dans le même communiqué. Samir LESLOUS