Ils sont nombreux ces médecins spécialistes, des chirurgiens et autres professionnels en la matière qui préfèrent quitter les zones rurales où ils sont affectés dans la wilaya de Tizi Ouzou pour rejoindre les grands centres urbains ou le Sud algérien, voire même des pays voisins où, disent-ils, la vie est plus attractive et leur fonction bien rémunérée et respectée. Leurs soucis, en certains lieux, pourtant névralgiques, restent le logement et le manque de commodités vitales. L'hôpital de Aïn El-Hammam par exemple, une daïra en haute montagne dans la wilaya de Tizi Ouzou, n'a pas bénéficié de logement de fonction depuis 20 ans ! Selon son directeur, M. Sid Mohand, “nous sommes contraints à la location de logements pour nos spécialistes et chirurgiens, ce qui n'est pas toujours facile. Il nous arrive de faire du porte-à-porte pour trouver un appartement ou usiter de connaissances personnelles”, citant pour l'exemple le geste de l'APC d'Abi Youcef “qui vient de mettre un logement à la disposition de l'un de nos médecins”. Avec 12 généralistes et 13 spécialistes, l'hôpital d'Aïn El-Hammam arrive difficilement à répondre aux exigences de ces professionnels en matière de logement. On se demande si cette situation de carence n'affecte pas le rendement de ces chirurgiens qui préfèrent exercer ailleurs ? Et cela pénalise en premier la population qui se trouve souvent obligée de se rabattre sur le CHU de Tizi Ouzou ou vers des cliniques privées pour ceux qui ont en les moyens. D'importantes dotations ont pourtant été octroyées par le ministère de la Santé qui ne cesse d'innover en la matière, élaborant, à titre d'exemple, une carte sanitaire à même de permettre des soins appropriées aux couches les plus déshéritées. Cette situation, qui fait fuir nos médecins vers des lieux plus prospères, interpelle les autorités concernées, qui doivent pouvoir trouver une solution à ce problème de logement. Il est indispensable d'accorder un statut spécifique et des indemnités conséquentes à ces professionnels de la santé qui exercent dans ces zones difficiles, parfois coupées du monde, notamment en hiver. Pour Mme Bahmane, chirurgien pédiatre, “nos premières contraintes sont le logement et le manque de rémunération spécifique. On fait de notre mieux pour rester sur les lieux, mais ce n'est pas toujours facile, face à la rudesse de la localité”. “Le médecin a besoin aussi de communication avec ses confrères, une manière d'échanger nos expériences. Et ceci est très important dans notre domaine. Chaque jour la science apporte de nouvelles découvertes dont nous devons nous tenir informés…” dira encore cette dame chirurgienne pédiatre. Certains médecins évoquent le décret n° 95/99 du 04/10/1995 portant octroi d'avantages pour les personnels exerçant au grand Sud. En effet, selon eux, leurs confrères bénéficient de nombreuses faveurs dont des indemnités de zone, une augmentation de salaire atteignant les 150%, une réduction de 50% sur leur consommation d'électricité et de gaz, une prime d'ameublement de près de 20 000 DA et l'attribution d'un logement… Ce qui favorise l'installation durable des médecins et autres professionnels dans ces régions pourtant dures et arides. “Pourquoi pas des indemnités de zone pour nous ? Nous vivons pourtant dans une région isolée et très rude, notamment en hiver”, s'interrogent encore nos interlocuteurs, estimant que ce serait une manière de parer à la fuite des cadres en matière de médecine, un fléau qui gangrène l'Algérie. Des chirurgiens et des spécialistes sont continuellement accueillis à bras ouverts dans les pays voisins. Kocila Tighilt