L'état de santé du journaliste marocain, Ali Lemrabet, en grève de la faim depuis le 6 mai dernier, s'est détérioré après sa décision d'enlever sa perfusion et de ne plus prendre ni médicaments, ni sucre, ni eau, a-t-on appris auprès de sa famille et de ses avocats. Selon sa sœur Nadia, Lemrabet a enlevé sa perfusion jeudi à 18h30 pour protester contre les ''persécutions'' dont il fait l'objet, notamment après qu'on lui ai confisqué ses livres et son stylo. Elle a ajouté dans une déclaration à l'aps que son frère qui se trouvait à l'hôpital Avicennes de Rabat était également soigné pour un ulcère et une tachycardie et que les examens qu'il a subis ont montré un taux élevé d'acide urique dans son sang. Par ailleurs, le vaste élan de solidarité avec Lemrabet se poursuit aussi bien au niveau national qu'international. Ainsi, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a demandé dans un communiqué rendu public par son bureau central de ''sauver la vie d'Ali Lemrabet'' et exigé ''sa libération immédiate''. Par ailleurs, plusieurs directeurs de publication ont rendu public un communiqué intitulé ''Rendez-nous Ali Lemrabet'' dans lequel ils condamnent ''avec force l'injustice dont est victime'' leur confrère. Ils se déclarent également ''scandalisés'' par le verdict (quatre ans de prison ferme, 20.000 DH d'amende et l'interdiction de ses deux journaux et son arrestation dans la salle d'audience) qui constitue ''une atteinte grave à la liberté de la presse'' et demandent ''avec vigueur la libération immédiate de Ali Lemrabet en attendant la révision la plus rapide de son procès en vue de l'annulation de ce verdict''. De leur côté, des journalistes de l'hebdomadaire Esahifa ont décidé de mener une grève de la faim de 48 heures en solidarité avec Lemrabet, comme ''première étape qui sera suivie par d'autres qui seront annoncées ultérieurement''. L'hebdomadaire La vie économique qui appelle à faire ''un geste pour Ali Lemrabet'' estime quant à lui que ''la punition est excessive'' et se demande si ''Ali Lemrabet est plus dangereux que Abou Hafs, l'un des propagandistes de la Salafia Jihadia qui a été condamné il y a quelques mois à un an seulement de prison''. Au plan international, l'organisation Reporters sans frontières (rsf), dont Ali Lemrabet est correspondant au Maroc, a rendu public un communiqué sur son site internet dans lequel elle réitère sa demande auprès des autorités marocaines, ''de libération immédiate du journaliste''. rsf ajoute que son président ''se rendra à Rabat le 2 juin afin de rencontrer des conseillers du ministre de la Justice et rendre visite à Ali Lemrabet à l'hôpital''. Ali Lemrabet, directeur des hebdomadaires Doumane et Demain magazine, rappelle-t-on, est derrière les barreaux depuis le 21 mai dernier. Accusé d'''outrage à la personne du roi'' et d'''atteinte au régime monarchique et à l'intégrité territoriale'', il a été condamné à quatre ans de prison ferme, à l'interdiction de ses publications et a été arrêté à l'issue de l'annonce du verdict.