Le journaliste marocain, Ali Lemrabet, a été condamné, mardi 12 avril, à dix ans d'interdiction d'écriture et à une amende de 50 000 dirhams (environ 4 500 euros) par le tribunal de première instance de Rabat dans un procès en diffamation intenté contre lui par Ahmed El-Kher, porte-parole de l'association des parents des Sahraouis victimes de la répression dans les camps de Tindouf (Pasverti), a annoncé, hier, dans un communiqué reporters sans frontières (RSF). Ce journaliste du quotidien espagnol El Mundo, lequel avait reçu un récépissé provisoire pour la création d'un nouvel hebdomadaire, a été également condamné à payer un dirham symbolique au plaignant ainsi qu'à faire publier, à ses frais, durant trois semaines, l'énoncé du verdict dans le quotidien Al Ahdadh Al Maghribia. “Cette décision marque l'apogée d'une campagne de dénigrement à l'encontre d'Ali Lemrabet. Il s'agit d'un signe très grave pour la liberté d'opinion et de la presse au Maroc. Nous sommes très inquiets pour l'avenir des médias marocains : ce jugement sans précédent, après un procès à charge, pourrait avoir des conséquences dangereuses pour les journalistes”, a commenté RSF. L'ONG pour qui le “procès est émaillé d'anomalies” s'est déclarée “extrêmement choquée”. Déposée le 17 mars, la plainte contre Lemrabet faisait suite à ses déclarations dans l'hebdomadaire arabophone marocain Al Moustakil, publiées en janvier dernier et selon lesquelles les sahraouis de Tindouf sont des “réfugiés” et non pas des “séquestrés” comme l'affirme souvent la version officielle du royaume. Depuis, il a eu à affronter la haine de ses confrères qui l'ont accusé de “traître” et de nombreuses associations inconnues qui ont organisé des sit-in. K. K.